Le décret exécutif en question, fruit du combat mené par le Syndicat national des journalistes (SNJ), constituera une protection juridique tant attendue pour la corporation qui bénéficiera, ensuite, de conventions collectives. Le Conseil de gouvernement, réuni hier, a adopté le projet de décret exécutif relatif aux régimes spécifiques des journalistes et assimilés, présenté par le ministère de la Communication. Ce texte réglementaire découle de la loi 90-11 sur les relations de travail qui stipule l'instauration de régimes spécifiques pour certaines catégories professionnelles, dont les travailleurs du secteur de la presse. Le ministre de la Communication et néanmoins porte-parole du gouvernement, M. Abderachid Boukerzaza, a estimé, lors du point de presse animé hier à l'issue de la réunion du Conseil de gouvernement, que “c'est là un double message fort et symbolique en même temps de l'Exécutif à l'adresse de la presse” à la veille de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse. Il faut dire que le décret exécutif en question, fruit du combat mené par le Syndicat national des journalistes (SNJ), constitue sans nul doute une protection juridique utile pour la corporation qui va ouvrir la voie à l'instauration de conventions collectives dans les organes de presse. Les autorités, d'après M. Boukerzaza, ont été finalement convaincues de la nécessité de promulguer ce texte vu que “la situation économique et sociale des journalistes est le moins qu'on puisse dire fragile” puisque marquée par “le manque, et dans certains cas l'absence, d'une couverture sociale, des salaires bas, une instabilité professionnelle et le problème de la formation”. Le décret, d'après le porte-parole du gouvernement, aborde tous les volets liés à l'exercice de la profession en Algérie, et introduit des nouveautés en la matière, notamment s'agissant de la délivrance de la carte nationale du journaliste, les droits d'auteur, le droit du journaliste à une assurance spécifique lors de la couverture d'évènements à risque, la protection contre toute forme de violence lors de la recherche de l'information et la liberté d'avoir des opinions politiques… “C'est une base législative pour la promotion de la corporation pour plus de professionnalisme”, considère M. Boukerzaza qui décline les différentes catégories du monde de la presse concernée par le texte de loi, à savoir, les journalistes permanents, les collaborateurs, les correspondants, les personnels assimilés et les journalistes indépendants (free lance). Le régime spécifique s'appliquera, selon le ministre, aux journalistes de la presse publique et privée. Interrogé sur la prochaine étape quant à l'application de ce texte de loi, il a affirmé que ce sont les conventions collectives qui seront négociées dans les entreprises de presse qui vont préciser et donner du contenu aux orientations du décret. Quant à l'instance qui sera chargée de délivrer la carte nationale du journaliste, en l'absence du Conseil supérieur de l'information, il a répondu que ce volet sera traité dans le cadre d'une loi organique à promulguer prochainement. Les ateliers, mis en place par le ministère de la Communication, traiteront, également, promet M. Boukerzaza, du code de l'information. Interrogé, également, sur la possibilité d'aller vers la dépénalisation des délits de presse, le ministre s'est contenté de dire qu'il s'agit là “d'un sujet de débat au sein des ateliers mis en place pour traiter des différentes questions en rapport avec la presse et les représentants de la corporation”, tout en tenant à ajouter que “97% des poursuites contre des journalistes sont engagées par des citoyens qui s'estiment diffamés ou calomniés”. “Il y a peu de cas de plaintes déposées par les institutions”, se défend-il. Interpellé, par ailleurs, sur le problème du logement qui se pose pour beaucoup parmi la corporation des journalistes, le ministre a annoncé que des démarches fructueuses ont été effectuées auprès du ministre de l'Habitat pour leur consacrer un quota de logements type LSP. Et comme l'opération, selon le ministre, est imminente, celui-ci a demandé l'aide des représentants de journalistes pour la sélection des bénéficiaires. H. SaIdani