Alors que l'ambassadeur de la RASD à Alger a qualifié dans un entretien accordé à Liberté, le dernier rapport du SG de l'ONU comme une avancée dans le cadre du règlement du conflit du Sahara occidental, voilà que l'émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, Peter van Walsum, estime que l'indépendance du Sahara occidental n'est pas un objectif réaliste et que le Front Polisario devrait y renoncer. Un pavé dans la mare qui nous rappelle étrangement toutes les trahisons dont a été victime le peuple sahraoui depuis plus de 33 ans de conflits. De Boutros Boutros-Ghali jusqu'à Kofi Annan en passant par Perez de Cuellar, les remises en cause du processus politique devant aboutir à l'autodétermination du peuple sahraoui, victime de la colonisation marocaine depuis 1975, se sont succédé l'une après l'autre donnant du coup la possibilité au royaume chérifien de gagner du temps et de proposer son projet d'autonomie afin d'entériner un fait colonial reconnu de par le monde. Des sources proches du dossier à Alger, qui ont été surprises par la déclaration de Peter van Walsum, relèvent trois contradictions dans sa position. La première est d'abord liée à la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui cite deux propositions prises en considération à savoir le plan d'autonomie et le projet émis par le Front Polisario prônant l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Du coup, le rôle de l'émissaire onusien se trouve complètement discrédité au-delà du fait que la position de Can Walsum risque sérieusement de déstabiliser l'institution onusienne qui, depuis l'arrivée de Ban Ki-moon, tente de recoller les morceaux laissés sur la route des compromissions. Le deuxième aspect tient compte du statut professionnel même de Van Walsum. Les mêmes sources considèrent, en effet, d'une extrême gravité la position paradoxale émanant d'un juriste et spécialiste du droit international. “Un spécialiste du droit international qui se prononce contre le droit international”, relèvent nos sources qui ajoutent que “l'attitude antidroit” de Van Walsum s'inscrit en droite ligne avec les positions marocaines qui refusent de se soumettre à la légalité internationale. Le troisième aspect concerne le non-respect des procédures. En fait, si les déclarations étaient un avis “personnel”, Van Walsum ne devrait en aucun cas les rendre publiques. Il devait, comme l'exige la procédure, les transmettre au secrétaire général des Nations unies qui jugera selon leur niveau d'importance de les valider ou de les ignorer. Ban Ki-moon n'a pas pris en considération les déclarations de son émissaire. D'ailleurs, le président du Conseil de sécurité pour avril, Dumisani Kumalo (Afrique du Sud), a déclaré que le conseil, qui a entamé lundi dernier des consultations sur le Sahara occidental, a décidé de se baser sur le rapport de M. Ban Ki-moon en raison du parti pris de Van Walsum. Salim Tamani