Le représentant personnel de Ban Ki-moon estime l'indépendance du Sahara occidental irréaliste. Réponse du berger à la bergère. «Nul ne peut se substituer au peuple sahraoui dans le choix de son destin...», a répondu Omar Mansour, représentant du Polisario en France. Les propos de l'émissaire de l'ONU, l'Organisation des Nations unies, concernant le Sahara occidental, ont été révélés par l'ambassadeur d'Afrique du Sud. M.Dumisani Kumalo a déclaré, avant-hier à la presse, que le Conseil de sécurité qu'il préside a reçu deux documents «apparemment contradictoires». L'un émanant du Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies et l'autre de M.Van Walsum, son représentant personnel pour le Sahara occidental. Dans son document reflétant en toute apparence une «opinion personnelle», ce dernier «évoque ce qu'il appelle l'option réaliste, selon laquelle l'indépendance pourrait être hors d'atteinte pour le peuple sahraoui, affirmant que le Front Polisario devrait devenir réaliste», a fait savoir M.Kumalo. La pilule est dure à avaler. 32 ans après une longue lutte et de lourds sacrifices qui doivent mener le peuple sahraoui à son indépendance. Les réactions à ce type de pirouette ne se sont pas fait attendre. Ce n'est toutefois pas encore la volée de bois vert. M.Omar Mansour, représentant du Front Polisario en France, a vivement réagi «avec ce genre de déclarations qui cherchent à influer sur les débats, M.Van Walsum annonce sa couleur et se disqualifie comme médiateur». Van Walsum out pour le prochain round de négociations entre le Maroc et le Polisario? Gaffe involontaire ou gaffe tout court? Celui qui devait servir de médiateur entre les deux parties en conflit, a visiblement outrepassé ses prérogatives. Le facilitateur de l'ONU était chargé, notamment d'essayer de faire appliquer les résolutions 1754 et 1783 du conseil de sécurité. Ces dernières appellent à une solution pacifique négociée, juste et durable, qui respecte le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination à travers l'organisation d'un référendum. Pour rappel, les quatre précédentes tentatives pour essayer de rapprocher les points de vue des délégations marocaine et sahraouie se sont soldées par un échec. Le Royaume chérifien campe sur ses positions et ne jure que par son plan d'autonomie sous souveraineté marocaine. Peter Van Walsum s'y serait-il plié? Les Américains y ont déjà manifesté de l'intérêt. «L'idée de M.Van Walsum mérite d'être sérieusement prise en considération», a déclaré le représentant américain au Conseil de sécurité de l'ONU, Zalmay Khalilzad. «Si nous nous engageons dans cette voie, nous devrions aussi dire aux Palestiniens de renoncer», a déclaré, pour sa part, l'actuel président du Conseil de sécurité, le Sud-Africain Dumisani Kumalo. Le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara occidental a pourtant été qualifié de «rapport équilibré» par l'ambassadeur de la République arabe sahraouie à Alger. Ce rapport est équilibré...«Il constitue une avancée en comparaison des rapports publiés précédemment», a déclaré M.Brahim Ghali à un quotidien de la presse nationale. Comment alors dans ce cas-là, deux sons de cloche puissent intervenir d'une institution internationale telle que l'Organisation des Nations unies? L'ONU serait-il ce «machin», comme l'avait qualifié le général de Gaulle en son temps? La détermination du Front Polisario est sans égale pour mener le peuple sahraoui à son indépendance. «Nul ne peut se substituer au peuple sahraoui dans le choix de son destin en toute liberté et démocratie», a tenu à souligner et à rappeler le représentant du Front Polisario en France, Omar Mansour. Et comme pour mettre l'Organisation des Nations unies devant la politique du deux poids, deux mesures, il ajoute: «Au nom de quel droit peut-on défendre l'indépendance du Kosovo et faire des acrobaties pour justifier l'occupation illégale du Maroc au Sahara occidental?» Les déclarations de Peter Van Walsum risquent de mettre un peu plus d'huile sur le feu à un conflit qui dure depuis plus de 32 ans. Une remise à l'ordre du représentant personnel de Ban Ki-moon n'est pas à écarter.