L'Algérie connaît une embellie financière sans précédent. Paradoxalement, le climat social est resté tendu. Ces quatre premiers mois de l'année 2008, l'Algérie a connu une flambée des prix généralisée, c'est-à-dire étendue à un grand nombre de produits alimentaires et de biens de large consommation. Cette hausse des prix significative est reconnue officiellement. Les chiffres de l'ONS donnent 4,5% d'inflation au cours des trois premiers mois de l'année 2008. Un taux jamais connu depuis des années. La semoule, par exemple, a connu une augmentation officielle de plus de 25%. Vendue à 700-800 dinars le sac de 25 kilogrammes, elle est passée à 1600 dinars, soit une hausse de 100% avant que l'Etat ne décide de subventionner le produit. Les pouvoirs publics pour freiner cette inflation galopante ont élargi la liste des produits à prix administrés : semoule, ciment. Il est envisagé de l'étendre à l'huile de table, aux légumes secs, au concentré de tomate et au rond à béton. C'est en raison de cette flambée des prix généralisée que des tensions sociales ont été enregistrées, le mouvement des fonctionnaires pour une hausse plus importante des salaires s'est poursuivi. L'augmentation des rémunérations des fonctionnaires est considérée comme dérisoire. Elle n'est d'ailleurs pas accompagnée par une contrepartie en matière de résultat ou de performance. Recettes record en matière d'exportation Face à cette flambée des prix, l'Etat a eu recours à des mesures conjoncturelles. Les décisions pour relancer et accroître l'offre de produits de large consommation réduire sa vulnérabilité face à une inflation importée sont loin d'être entrées en application. Alors que le marché connaît une flambée des prix risquant de réduire de façon significative le pouvoir d'achat de la majorité de la population, l'Algérie enregistre une embellie financière sans précédent. Au cours des quatre premiers mois de l'année 2008, l'Algérie a engrangé plus de 25 milliards de dollars, 19 milliards de dollars le 1er trimestre. L'excédent de la balance commerciale s'est situé à plus de 11 milliards de dollars au cours des trois premiers mois de l'année en cours. À ce rythme, l'Algérie pourrait réaliser des entrées en devises de plus de 70 milliards de dollars La liste des prix administrés s'est élargie Cette santé financière sans précédent n'a pas empêché que des milliers de jeunes tentent de forcer les frontières. Ce phénomène des harragas traduit un échec dans la prise en charge des difficultés des jeunes. Malgré ses richesses, un plan de relance doté d'une enveloppe de plus de 140 milliards de dollars, l'Algérie arrive difficilement à faciliter l'accès à l'emploi aux jeunes chômeurs. De multiples entraves empêchent notamment la création d'activités rémunératrices au profit de cette frange de la population. Une telle situation pose la problématique de la révision de tout le système national de formation emploi. Elle renvoie également aux mesures pour améliorer le climat des affaires et pour promouvoir les entreprises de production de biens et services de manière à maintenir un rythme rapide de créations de richesses et d'emplois. Les énormes liquidités détenues par les banques devraient se traduire par le financement d'une multitude de projets créateurs d'emplois et de richesses, susceptibles de contribuer à résorber le chômage élevé chez les jeunes. N. Ryad