L'Algérie, traditionnel médiateur entre le gouvernement malien et les rebelles touareg, est à nouveau sollicitée pour rapprocher les deux parties en conflit. Sa présence au sein de la commission d'enquête, sur les conditions de l'assassinat d'un officier de l'armée et d'un civil, constitue une “bonne chose pour l'impartialité de l'enquête”. De nouvelles propositions de sortie de crise ont été formulées par les rebelles touareg maliens, dont un groupe retient en otages 33 militaires maliens depuis mars. Elles ont été transmises à des émissaires du gouvernement malien venus à leur rencontre au courant de cette semaine dans le nord du Mali, selon des sources concordantes. Parmi les principales requêtes présentées par les Touaregs figure en bonne place “le retour à l'application des accords d'Alger et l'allégement du dispositif militaire dans la région de Kidal”, a indiqué un des officiels maliens dépêchés pour tenter de relancer un processus de paix pratiquement bloqué, malgré la signature, le 3 avril dernier à Tripoli, d'un protocole d'entente de fin des hostilités entre les parties. En d'autres termes, la médiation libyenne n'a pas donné les résultats escomptés et les rebelles touareg semblent avoir beaucoup plus confiance en les médiateurs algériens. Ainsi, outre leurs revendications traditionnelles, les rebelles ont demandé cette fois-ci “la création d'une commission d'enquête sur l'assassinat d'un officier de l'armée et d'un civil de la communauté touareg”, dont les corps avaient été retrouvés, le 11 avril dernier, près de Kidal, mais avec la participation de l'Algérie. Les rebelles touareg estiment que la présence de l'Algérie voisine au sein de la commission d'enquête sur les conditions de cet assassinat serait une “bonne chose pour l'impartialité de l'enquête”. Il s'agit là d'une reconnaissance pour le rôle joué par les médiateurs algériens et d'une grande preuve démontrant qu'ils ont réussi à instaurer un climat de confiance entre les deux parties en conflit. Selon l'émissaire du gouvernement de Bamako : “Le groupe de Ag Bahanga et les membres de l'alliance ont également demandé une réorganisation des postes de sécurité autour de la ville de Kidal et la prise en compte de toutes leurs demandes dans les trente jours à venir.” La même source a également ajouté : “Mon sentiment, c'est que si l'une des exigences trouvait des échos favorables avant un mois, le processus de décrispation devrait s'accélérer.” Pour rappel, huit personnes, dont cinq civils, avaient été tuées durant les affrontements entre l'armée et les hommes d'Ag Bahanga, intervenus à la suite de la rupture des accords d'Alger signés en juillet 2006 pour le retour de la paix dans le nord du Mali. Pour mettre fin à cette situation de crise, née de la reprise des hostilités le 20 mars dans le nord-est et l'enlèvement de 33 soldats maliens, ainsi que des membres de l'Alliance du 23 mai (ex-rébellion attachée à la paix), mécontent du double assassinat du 11 avril, un groupe de responsables maliens a rencontré, cette semaine au nord de Kidal, Ibrahim Ag Bahanga, chef rebelle. Par ailleurs, l'affaire de cette histoire de militaires maliens, toujours détenus par le groupe de Ag Bahanga, doit être réglée par un plan de mise en œuvre du protocole d'entente de Tripoli qui attend encore d'être validé par les parties. K. ABDELKAMEL