Dans son rapport annuel d'activité, le secteur de l'environnement a fait état, dans le cadre du renforcement par ses services de la lutte contre le pillage du sable, de 10 procès-verbaux dressés. “C'est un crime organisé”, “une grave atteinte à l'environnement” ou encore “c'est une véritable organisation qui a ses ramifications”, tels sont les qualificatifs utilisés par la gendarmerie de Béjaïa pour mettre à l'index ce phénomène d'extraction anarchique et de pillage du sable sur les côtes est et ouest, mais également tout le long de l'oued Soummam qui est en train de prendre des proportions alarmantes. Les éléments de la gendarmerie, qui viennent d'effectuer quatre opérations dans ce sens à Oued Es, Melbou et Souk El Tennine, où ils ont mis la main sur deux tracteurs, un camion, mais également sur des jeunes en train de charger des sacs de sable à dos d'âne, nous amènent à dire que les pilleurs de sable changent constamment de moyens et de tactique pour échapper aux filets de la gendarmerie qui lutte sans relâche contre ce phénomène qui perdure. Néanmoins, ces véritables organisations spécialisées dans le pillage de ce matériau s'adaptent vite et arrivent souvent, grâce à la vigilance de ces “indicateurs”, à déjouer les fréquentes descentes des éléments de la gendarmerie, que ce soit sur le littoral ou le long de l'oued Soummam. “C'est à de véritables acrobaties que nous avons eu affaire lors de nos sorties. N'oubliez pas que ce marché est à coups de milliards”, déclare-t-on du côté de la gendarmerie de Béjaïa pour qui la lutte contre le pillage du sable est engagée jour et nuit. Dans son rapport annuel d'activité, le secteur de l'environnement a fait lui aussi état, dans le cadre du renforcement par ses services de la lutte contre le pillage du sable, de 10 procès-verbaux dressés. Néanmoins, nonobstant ces efforts colossaux, pour nombre d'observateurs, le pillage du sable et son extraction anarchique constituent une opération très complexe malgré les nombreuses mesures prises par les services de sécurité pour endiguer ce phénomène. Ce dernier a touché également l'oued Soummam, où des sablières, dans des périmètre très réduits, poussent comme des champignons et travaillent de jour comme de nuit, défiant toute réglementation. Transporté même à dos d'âne et à pied, les oueds se trouvent “éventrés” de leur substance chaque jour dans des régions comme Tazmalt, Akbou, Sidi Aïch, El Kseur. Ceci nous amène à dire que même les nappes phréatiques sont, désormais, menacées de disparition dans les prochaines années en raison de leur exploitation exagérée pour les besoins de l'irrigation des cultures. Au-delà de l'identification de pilleurs, la problématique de la destination et de l'utilisation de ce sable reste entièrement posée. En effet, nonobstant les quelques citoyens qui s'aventurent à extraire du sable pour leurs besoins intra-muros, il se trouve qu'à Béjaïa, de grandes entreprises chargées de réaliser des projets de construction aux profits des organismes étatiques et privés utilisent ce matériau. Où se situent dans ce cas-là les responsabilités ? Une question qui taraude l'esprit des professionnels de ce secteur. Et seule une gestion rationnelle de l'environnement, son entretien et sa protection sont à même de garantir une exploitation durable et rentable de l'espace et des ressources. La rapidité du développement économique et social et le rythme de croissance du niveau de vie de la population ont, malheureusement, entraîné des effets négatifs, aggravés par une législation quelque peu indulgente envers les principaux pollueurs. Cet état de fait découle du peu d'intérêt accordé dans les précédentes stratégies de développement qui ont ciblé plus de réponses à des besoins sociaux exprimés, négligeant dangereusement les retombées des options sur les risques de la dégradation de l'environnement. Ceci dit, sur le littoral et sur les bords de l'oued Soummam, le problème du pillage et de l'extraction anarchique du sable se pose désormais avec acuité. A. HAMMOUCHE