Le rideau est tombé sur le championnat, édition 2002/2003. Il aura fait un large sourire à l'USMA, consacrée pour la deuxième fois consécutive. Il aura aussi fait la part belle à Blida qui, à la surprise de l'opinion sportive nationale, disputera la champion's league l'année prochaine. Grâce à qui ? A la JSK, ironie du sport ! Une JSK où certainement le moral doit être en berne, après une autre désillusion. Désillusion à la juste mesure des rêves fous suscités par les déclarations euphorisantes de Mohand Chérif Hannachi qui a tendance, ces dernières années de dèche, à vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Dans le climat d'extase qui avait suivi la victoire en coupe de la CAF, on se souvient qu'il avait promis le doublé. Pas moins ! Cette énième désillusion doit l'inciter désormais à être économe de sa parole, à ne pas se répandre en déclarations intempestives, qui parasitent, d'ailleurs, plus le climat qu'elles ne rendent service au club. Mais ce serait de la mauvaise foi que de ramener aujourd'hui le problème au seul péché mignon de “Moh chérif” qui aime voir sa tronche dans les journaux. Les raisons de l'échec sont ailleurs, précisément au niveau de tous les intervenants qui constituent la grande famille du club emblématique de la Kabylie. A commencer par l'environnement. Comment peut-on honnêtement demander à une équipe de faire des résultats quand elle évolue dans un climat de tension, voire d'insurrection qui est celui de toute la région. Et quand on connaît l'impact de l'environnement sur le rendement, la sérénité d'une équipe, on ne peut malheureusement que convenir de la difficulté de la mission. Les “parasitages” politiciens de certains milieux qui veulent faire de la JSK un relais pour leur promotion politique procède aussi de cette hostilité “environnementale”. Pour une grande part, le président de la JSK doit ses déboires personnels à son obstination à dire “non” à la “partisanisation” du club qui a toujours été le plus petit commun multiple de tous les Kabyles, indépendamment de leurs chapelles politico-philosophiques. A cause de ce même environnement, l'équipe a été condamnée au statut de SDF, obligée à recevoir à Boumerdès puis à Bordj Ménaïel. On se demande si une autre équipe, privée du soutien de sa galerie et condamnée à jouer ailleurs, pouvait échapper à la descente aux enfers. La JSK, au grand dam de ceux qui voulaient en finir, n'est pas descendue. C'est d'ailleurs une chose impensable, tant elle a toujours été le club phare, le bel arbre qui cache la forêt d'un football national malade. Les responsables de la FAF, en imposant à la JSK une sanction inédite dans les annales, sans indulgence et sans le moindre égard à son apport au football national, sont loin d'être animés par le seul souci de l'ordre public, comme le laissait entendre M. Raouraoua. A l'évidence, des calculs “clubards” ont joué dans la prise de sanctions. Sinon, comment expliquer qu'après la défaite contre l'USMA, la FAF, subitement prise de mansuétude, décide de lever partiellement la sanction en autorisant la JSK et tous les autres clubs à recevoir chez eux à huis clos. A ce stade de la compétition, la messe était déjà presque dite et la mesure n'avait d'autre utilité que celle de permettre aux instances qui gèrent le foot de se donner bonne conscience. Tous ces facteurs n'expliquent pas les raisons de la débâcle. Il y a aussi la responsabilité des joueurs dont un certain nombre, de purs mercenaires, ne jouent que pour l'argent. Inutile de citer des noms. Or, la JSK a fondé sa légende sur des joueurs qui se battaient d'abord pour l'amour des couleurs, pour le nif. Cette valeur n'est manifestement plus cotée à la bourse du football où le seul étalon demeure les primes faramineuses et les 307 rutilantes. Normal qu'un joueur, dont la carrière est courte, veuille monnayer son talent. Mais force est de convenir qu'une bonne partie de l'effectif du club n'a pas eu le rendement conforme à l'investissement financier consenti. Et là se pose la question du recrutement où Hannachi, disons le clairement, s'est fait avoir. Lui-même l'a d'ailleurs reconnu. Dans ce survol des raisons qui ont conduit à l'échec, on ne peut oublier la part de responsabilité de l'entraîneur. Le Français Jean- Yves Chay, dont l'arrivée à Tizi-Ouzou a été saluée, n'aura pas mieux fait que ses prédécesseurs. On lui reproche en particulier le fait de n'avoir pas pu redonner à l'équipe l'esprit conquérant qu'elle avait à l'époque où on l'appelait le Jumbo-Jet. Tous ceux qui ont suivi le comportement de l'équipe pendant cette saison auront remarqué sa fébrilité et sa fragilité psychologique qui ont fini par faire d'elle une équipe quelconque, facilement prenable. L'entraîneur français a commis aussi des erreurs de coaching flagrantes dans certaines rencontres. La défaite contre le CRB, en quart de finale de la coupe d'Algérie, en est une éloquente illustration. C'est autant de bonnes raisons qui ont fait qu'aujourd'hui le club phare de l'Algérie se fait ramasser à la petite cuillère. S'il est indispensable de pointer les causes du mal, il est, en revanche, vital pour la grande famille de la JSK de dépasser rapidement ce nouvel échec et de remettre les pendules à l'heure. La prochaine assemblée générale offre à ce sujet le cadre idéal pour que tout soit mis à plat en vue d'un autre départ. Car les grandes équipes ce sont aussi celles qui connaissent des déboires mais qui savent les transcender pour repartir à la reconquête de nouveaux lauriers. A. O. / H. M.