La loi sur l'orientation agricole est finalement passée comme une lettre à la poste, hier, à l'Assemblée populaire nationale (APN) avec un appui inconditionnel des députés de la coalition gouvernementale (FLN, RND et MSP). Deux formations politiques, à savoir le RCD et le PT, ont joué les « trouble-fête », en opposant un refus entêté à cautionner cette loi. Contacté par nos soins, M. Boubekeur Derguini, président du groupe parlementaire du parti de Saïd Sadi, affirme sa conviction que cette loi ne prend pas véritablement en charge la question de la nature des régimes de concessions, précisant que ces textes existaient déjà avant que le gouvernement ne leur donne un « aspect de projet de loi ». Une sorte de « réchauffé », sans plus ! Selon lui, des zones d'ombre persistent encore. Il s'agit, poursuit-il, du favoritisme à peine voilé envers l'unique syndicat des agriculteurs, en l'occurrence l'UNPA, qui a déjà « montré ses limites de gestion », ainsi que l'imprécision des missions des chambres d'agriculture réparties sur le territoire national et « occupées à délivrer uniquement des cartes pour les paysans », dira-t-il. Pour lui, cette loi n'aura aucune incidence sur la bonne gestion de la politique agricole. « Elle n'est pas à même d'apporter des solutions efficientes aux multiples problèmes que vit l'agriculture », regrette-t-il. Même son de cloche du côté du Parti des Travailleurs (PT). La formation de Louisa Hanoune a convoqué une réunion ordinaire de ses parlementaires pour faire le point sur cette même question. M. Taâzibt, député et cadre au sein du PT, relève des contradictions entre les déclarations rassurantes du ministre en charge du secteur de l'agriculture et les « lacunes » constatées dans la loi portant sur l'orientation de la politique agricole. Il déplore que certains articles, notamment 15 et 18, consacrent « des choix exclusifs, notamment le mode d'exploitation portant sur la concession ». Cela au détriment, précise-t-il, de l'ancien mode d'exploitation relatif à la jouissance perpétuelle. Le PT, qui a préconisé un certain nombre d'amendements relatifs aux droits de préemption de l'Etat et la non-concession des terres agricoles aux investisseurs étrangers, a vu ses propositions rejetées. « Cette loi ouvre la brèche aux abus (…) Il y a un réel risque à ce que les banques étrangères aient main basse sur les terres agricoles », prévient M. Taâzibt.