Pour ce spécialiste des finances, cette liberté de change n'induit pas forcément une fuite des capitaux. “Au lieu de se focaliser sur le montant des investissements directs étrangers captés par l'Algérie chaque année, les pouvoirs publics devraient se demander, pour chaque dollar d'IDE investi, combien de dollars d'exportations sont générés”, souligne M. Ali Benouari, ancien ministre délégué au Trésor, invité hier de l'émission hebdomadaire, “Rendez-vous économique” de la Radio nationale Chaîne II. L'ancien ministre délégué au Trésor estime que les chiffres avancés par certains experts, sur les transferts de dividendes, “ont l'immense mérite de mo0ntrer l'impact négatif des IDE sur le plan de la balance des paiements”. M. Ali Benouari explique que “l'avantage des investissements directs étrangers est double”. L'invité de “Rendez-vous économique” de la Radio nationale Chaîne II évoque l'apport en capitaux, pour des pays moins pourvus, ce qui n'est pas le cas de l'Algérie. “Ils viennent investir où le capital national n'est pas prêt à le faire”, ajoute-t-il. Les IDE ont aussi un impact sur l'emploi, sur la fiscalité, même sur ce dernier point, il est moins évident, à cause des exonérations. M. Ali Benouari pose en fait la problématique de la nature de l'investissement. “Il faut mesurer l'impact des investissements directs étrangers sur la balance des paiements à moyen et long terme”, estime l'ancien ministre délégué au Trésor. “À chaque fois que notre pays encourage un investissement direct étranger, il faut se demander qu'elle est la balance devise de tel ou tel investissement”, précise M. Benouari regrettant, le fait que “cette question, aujourd'hui, n'est pas posée”. L'invité de l'émission hebdomadaire reconnaît que le flux des investissements directs étrangers “n'est qu'à ses débuts” et qu'il est peut-être trop tôt pour faire le bilan. Cependant, M. Ali Benouari estime que la pente “est bien amorcée”. Du coup, l'ancien ministre délégué au Trésor trouve que “c'es le bon moment de s'interroger à la fois, sur le montant des IDE et sur les conséquences, positive ou négative, sur la balance de paiement”. M. Ali Benouari est revenu longuement sur la question de la convertibilité du dinar. “Ce n'est pas un dogme”, tient-il à préciser, soulignant que le débat, que lui-même avait initié “a été mal compris”. L'ancien ministre délégué au Trésor replace les termes du débat. “C'est une erreur considérable de mélanger le flottement libre de la monnaie et la convertibilité”, souligne-t-il. “Ce sont deux choses liées mais différentes. Certains pays comme l'Arabie Saoudite, dont la monnaie est totalement convertible et pourtant elle n'est pas fixée par le marché, mais liée au dollar”, explique M. Benouari. Mais ce n'est pas cela que l'ancien ministre délégué au Trésor conseille à l'Algérie. “J'ai préconisé simplement de réfléchir au meilleur moyen de faire pour que le dinar reflète l'état réel de l'économie et donc utiliser le flottement libre et non le flottement dirigé, mais sous condition”, indique M. Benouari. L'argument : dans cinq années, l'économie algérienne va être radicalement transformée. Une part de la production nationale sera assurée de plus en plus par les compagnies étrangères. “Est-il plus avantageux de continuer à fonctionner avec un système de change, de flottement dirigé ou bien aller vers un flottement libre ? Et si nous restons dans le système de flottement dirigé, est-ce que d'ici cinq ans nous aurons avantage à ce que le dinar soit totalement convertible ou bien seulement limité la convertibilité aux opérations courantes ?” s'interroge M. Benouari. “Il est absolument faux de dire qu'avec une convertibilité totale, il y aura une fuite massive de capitaux”, répond l'ancien ministre délégué au Trésor. Les gens ont besoin des dinars pour faire leurs emplettes et payer leurs factures. Ils ne peuvent transférer que l'excédent. Ceux qui ont beaucoup d'argent, M. Benouari estime qu'aujourd'hui ils ont intérêt à l'investir en Algérie. “Le taux de rentabilité et plus important en Algérie”, argumente l'invité de la radio Chaîne II. Pour le reste, ceux qui malgré tout n'ont pas confiance dans ce pays, ils transfèrent leur argent, librement et sans contrôle, par le marché noir. “Par contre, dans le cadre d'une convertibilité officielle, même totale pour transférer de l'argent, il faut passer par la banque. Le meilleure moyen de contrôler la sortie de capitaux, c'est pas la convertibilité”, souligne M. Benouari. M. R.