Ces retombées dépendent de l'épilogue de cette affaire qui a tenu en haleine durant près de trois mois l'Algérie et plusieurs capitales européennes. Certes, les forces de sécurité ont réussi un premier coup d'éclat en délivrant un premier groupe de 17 touristes, il reste que le sort de 15 autres demeure incertain. Cette incertitude est d'autant plus grande que le ministère de l'Intérieur a indiqué, hier, que ce deuxième groupe de touristes disparus dans le Sahara algérien est “détenu par un second groupe terroriste”. Le ministère n'a pas précisé l'identité des ravisseurs, mais tout porte à croire qu'ils font partie du même groupe qui est derrière l'enlèvement des 17 touristes qui ont retrouvé leur liberté. De son côté, le porte-parole adjoint du gouvernement allemand a exprimé son inquiétude sur le sort de ces touristes qui sont “dans une situation précaire”. Si l'opération lancée par les forces de sécurité était couronnée par la libération de la totalité des otages, l'image de l'Algérie serait un tant soit peu préservée. Même dans le cas de pertes en vies humaines, l'Algérie ne devrait pas être destinataire d'un quelconque reproche de la part des gouvernements des pays d'où sont issus ces touristes. En revanche, il faut s'attendre à une chute drastique du nombre de touristes, déjà très faible, susceptibles de venir en Algérie. Dans cette affaire, les autorités algériennes ont opté pour la stratégie de l'intervention et ont nié l'existence de toute négociation avec les ravisseurs. En agissant ainsi, l'Algérie n'a fait que souscrire à un consensus établi au plan international, à savoir celui de l'intervention lorsqu'il s'agit de venir à bout des agissements des terroristes. Même si les officiels algériens ont été avares en information jusque-là, il semblerait que cette stratégie soit le fruit d'une concertation des pays d'origine. Et apparemment les choses se sont accélérées ces derniers jours avec la visite du chef de la diplomatie allemande à Alger. L'extrême discrétion observée dans la gestion de cette affaire s'explique en partie, maintenant qu'il est établi que ces touristes ont bel et bien fait l'objet d'enlèvement. Toutefois, le mystère demeure entier sur les motivations des ravisseurs. Une chose est sûre, l'Algérie n'a pas lésiné sur les moyens pour dénouer cette affaire qui menaçait de ternir son image. D'ores et déjà, l'Autriche, dont dix ressortissants viennent de rentrer chez eux sains et saufs, a remercié officiellement le président algérien, par la voix de son président, de “l'aide particulière” apportée par l'Algérie en vue de la délivrance de ces touristes. Par la même occasion, le président autrichien a renouvelé une invitation adressée déjà à M. Bouteflika pour une visite d'Etat en Autriche qui pourrait avoir lieu les 17 et 18 juin. Décrypté, ce message signifierait que l'affaire des touristes disparus n'a pas affecté les relations entre les deux pays. Pour en revenir au tourisme dans le Grand-Sud, les retombées sur l'Algérie ne vont pas être aussi catastrophiques que le prédisent certains. Car il faut bien le dire, même avant cette affaire les touristes ne se bousculaient pas dans le Sahara algérien. Du coup, la thèse de ceux qui accusent la Tunisie d'avoir un lien avec cette affaire pour tuer le tourisme dans le Sahara algérien s'effrite. R. B.