Il est clair que la poussée de violence observée depuis un mois va s'accentuer durant l'été. Avec l'assassinat de 8 militaires par un groupe dissident du GIA, vraissemblablement le Ghds, puis l'assassinat, avant-hier, de 3 citoyens, dont une femme, au nord-est de Batna, les groupes armés s'affirment de plus en plus audacieux. Mais c'est certainement le Gspc qui se montre comme l'organisation la plus importante et la plus structurée du moment. La plus dangereuse aussi de par ses actions de plus en plus audacieuses. Que ce soit lors du rapt spectaculaire (un antécédent, en fait, dans les annales du terrorisme algérien) des 31 touristes (dont 15 sont, à ce jour, détenus dans les monts de Tamerlik, à 150 km au nord d'Ilizi), de l'assassinat de neuf policiers de la Bmpj de Beni Douala et, avant-hier, de celui de trois citoyens à Batna, le nom du Gspc est mis en avant par les responsables de la gestion du sécuritaire en Algérie. En fait, la dernière information a de quoi surprendre les connaisseurs des stratégies du Gspc. Depuis sa création, cette organisation a opté pour la «stratégie de symbiose», qui consiste à ménager les autochtones et à cibler les forces de sécurité. C'est la démarche adoptée en Kabylie depuis 1998 et qui a largement démontré ses «résultats positifs» dans cette région qui reste le fief privilégié des hommes de Hassan Hattab. Les assassinats de Batna peuvent donc signifier soit une dérive sanglante contre les citoyens, soit qu'ils sont soumis par une faction locale du GIA qui garde encore ses «réflexes» version GIA, où qu'elle en veut spécialement, pour une raison ou une autre, aux trois citoyens ciblés avant-hier. Le coup d'éclat médiatique opéré dans le Sud algérien avec l'enlèvement des 31 touristes européens aura constitué un forcing médiatique trop évident pour être ignoré. Bien que tous les liens ne soient pas encore établis concernant l'implication totale et délibérée du Gspc dans cette affaire qui a tenu, et qui tient encore, en haleine les médias et les chancelleries occidentales depuis plus de deux mois, on peut avancer l'idée que les preneurs d'otages se réclament de cette organisation, et l'on peut, alors, leur concéder cette affiliation. Si l'on se réfère aux informations données depuis le début de l'année par la très officielle APS, on s'aperçoit que le nombre de terroristes armés de cette organisation dépasse largement la centaine, pourtant rien, absolument rien, n'est venu perturber son hégémonie inquiétante. Plus de 200 éléments de ses réseaux de soutien ont été arrêtés dans la périphérie de Tizi Ouzou, Boumerdès, Tébessa et Oum El-Bouaghi, sans que cela altère la «capacité de récupération» de l'organisation. Depuis le tremblement de terre du 21 mai, les services de sécurité ont signalé, à plusieurs reprises, des incursions de groupes du Gspc dans les villes de Corso, Boumerdès, Sahel Bouberak, les Issers, Sidi Daoud et Dellys. A deux reprises, des éléments de la police et de la gendarmerie locale ont failli se faire tuer du côté de Sidi Daoud. Le lendemain du tremblement de terre du 21 mai, on s'en souvient, un policier avait été tué en plein jour à Zemmouri. Quelques jours plus tard, ce sont deux patriotes qui sont abattus à la périphérie-est de Zemmouri. Toute cette débauche d'énergie intervient après l'assassinat spectaculaire de neuf policiers à la périphérie de Tizi Ouzou. L'année dernière, la cellule algéroise du Gspc avait été neutralisée en plein centre d'Alger. Depuis, réintégrer le dense et disparate tissu urbain de la capitale demeure la hantise de cette organisation.