“Contrôler le travail que font les élus et combattre les abus de pouvoir” est la mission des médias aux Etats-Unis, d'où l'importance de leur rôle dans les élections présidentielles dans ce pays, dira George Kazolias, le professeur de journalisme à l'université américaine de Paris. Consacrée à la couverture des élections présidentielles américaines, la vidéoconférence, animée hier à l'ambassade des Etats-Unis par George Kazolias à Alger, a permis de mieux cerner le rôle de la presse US dans ce rendez-vous électoral, qui tient en haleine toute la planète. Le professeur du département communication de l'université américaine de Paris mettra d'emblée l'accent sur la différence de la couverture des médias de l'élection présidentielle aux Etats-Unis par rapport à d'autres pays, où les candidats ont droit à la même surface rédactionnelle dans les journaux ou aux mêmes taux horaires dans les médias de radio ou de télévision. Ainsi, aux USA, il s'agit de l'engagement moral de chaque média, qui constitue en fait un choix que font les organes de presse. Néanmoins, cela se fait dans le respect de la déontologie, qui se traduit par la couverture des activités de tous les candidats à la Maison-Blanche. Kazolias soulignera l'influence des médias sur les électeurs, car c'est grâce à eux que ceux-ci se déterminent par rapport aux postulants. Le rôle de la presse locale est très important car, selon le conférencier, les Américains s'intéressent avant tout à ce que peut apporter le président à leur ville ou à leur Etat d'abord avant de penser à l'échelle nationale. Cette confiance accordée à la presse s'explique par le fait que sa mission consiste à “contrôler le travail que font les élus et combattre les abus de pouvoir”, et à leur demander des comptes tout en se faisant l'écho des doléances du grand public. Dans ce cadre, les médias se chargent d'interpeller les candidats sur les questions gênantes où ils évitent de prendre position et sur les fausses promesses également. George Kazolias donnera un aperçu sur la stratégie de communication des partis politiques américains consistant à vendre un produit qu'est le candidat. Ils s'attellent, selon lui, à l'idéaliser en le présentant comme une personne parfaite. “C'est le bon père de famille, le mari fidèle et le citoyen qui ne triche jamais avec les impôts”, dira l'intervenant. Pour en revenir aux élections de cette année, il y a lieu de relever que pour la première fois dans l'histoire des Etats-Unis une femme et un “homme de couleur” font partie des postulants. En outre, contrairement aux élections des dernières décennies, ni le président sortant, ni son vice-président ne se représentent. En effet, si George Bush est sous le coup de la limitation des mandats, qui l'empêche d'être candidat, son adjoint, Dick Cheney ne postule pas. Par ailleurs, comme à l'accoutumée, tous les candidats se positionnent comme des “amis” d'Israël et en défenseur de sa sécurité. C'est dire le rôle des lobbies dans ces élections, notamment le lobby juif. Il ne faut donc pas s'attendre à voir un président américain stigmatiser Israël. Dans ce chapitre, il est intéressant de souligner le poids des lobbies dans la détermination de la politique des candidats dans tous les domaines. Ainsi, l'orateur indiquera à titre d'exemple que le lobby pétrolier a énormément influé sur la position de Washington vis-à-vis du protocole de Kyoto sur l'environnement et son refus de s'y conformer. Enfin, le conférencier expliquera l'absence de la guerre en Irak du débat dans la campagne, ces derniers mois, par le fait que les candidats ne veulent pas parler de ce bourbier. K. ABDELKAMEL