Bush est de nouveau au Moyen-Orient en plein scepticisme sur l'accord de paix israélo-palestinien qu'il a concocté en septembre dernier à Annapolis. En réalité, le président américain ne se fait plus d'illusions. Sa secrétaire d'Etat, qui n'a pas arrêté de sillonner la région, a pratiquement mis un terme aux spéculations sur cet aboutissement en faisant état de son pessimisme. D'ailleurs, le locataire de la Maison-Blanche est dans la région pour participer aux célébrations des 60 ans d'Israël. C'est son deuxième séjour à Jérusalem en quatre mois, lui qui n'avait pas mis les pieds en Israël en sept ans de présidence avant janvier dernier. Dès son arrivée mercredi, il a eu des entretiens avec Olmert en présence de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, du ministre de la Défense, Ehud Barak, et du chef d'état-major, Gaby Ashkenazi. Cette présence de Bush, alors qu'il doit quitter le bureau ovale cette année, est interprétée par les autorités israéliennes – et ils ne le cachent pas – comme la manifestation d'un engagement renouvelé des Etats-Unis à la préservation des intérêts d'Israël. Et pourtant, son voyage a lieu sous de sombres auspices pour Israël même où couve une crise gouvernementale avec les nouveaux soupçons de corruption qui pèsent sur Olmert. Le Premier ministre israélien risque d'être poussé à la porte de sortie. En outre, aux yeux des stratèges américains, les alarmantes tensions au Liban relèguent à l'arrière-plan la question palestinienne. Au Pentagone, nombreux sont ceux qui caressent l'espoir de donner une leçon à Damas et à Téhéran via les affrontements interlibanais entre la majorité “pro-occidentale” et l'opposition “pro-syrienne”. D'ailleurs, Bush doit se rendre en Arabie Saoudite où la question libanaise sera au centre de ses entretiens avec les autorités de Riyad avant de recevoir le Premier ministre libanais. Il se rendra, tout de suite après ses entretiens avec le roi Abdallah, à Charm el-Cheikh en Egypte pour un forum économique sur le Proche-Orient. Il en profitera pour rencontrer Fouad Siniora ainsi que les présidents afghan et Irakien. C'est également dans cette station balnéaire égyptienne qu'il rencontrera le président de l'Autorité palestinienne à qui il n'a rien à offrir, dès lors qu'Israël a décidé de ne rien concéder, persuadé que les Etats-Unis ne lèveront pas le doigt. Les présidentielles américaines s'acheminent vers leur dernière ligne droite et tous les candidats à la succession de Bush ont renouvelé leur allégeance à Israël. Le lobby juif aux Etats-Unis est une réalité. Alors le vœu de Bush de parvenir avant fin 2008 à un accord de paix menant à terme à la création d'un Etat palestinien ! Il restera qu'un simple vœu pieux, quant bien même s'était-il engagé ainsi qu'Olmert à le réaliser. En bientôt six mois, le scepticisme qui a accueilli la promesse de résoudre un conflit aussi vieux qu'Israël n'a fait que se renforcer. Bush s'est d'ailleurs contraint à accepter cette évidence en lâchant à son arrivée à Jérusalem qu'il continuera “à travailler dur” pour réussir à définir le nouvel Etat palestinien d'ici à la fin de sa présidence. D. Bouatta