Une série de réunions s'est tenue hier à Berriane, au siège de la daïra, transformé à l'occasion en quartier général de crise. Tous les responsables de la wilaya, à leur tête M. Yahia Fehim, wali de Ghardaïa, étaient rassemblés pour dégager les mesures à prendre à l'effet de sortir la région du bourbier dans lequel des criminels l'ont plongée, prenant en otage toute une contrée et son innocente population. Les notables des deux communautés ont été conviés à des rencontres avec les autorités locales dans le but de les impliquer dans un appel au retour au calme. Heureusement, comme il fallait s'y attendre, l'esprit de responsabilité a prévalu et tout le monde, y compris la société civile, les élus et les notables de la région se sont accordés sur le fait que la sagesse devait l'emporter et que la paix était le seul moyen de pouvoir régler tout éventuel problème ou conflit. Ce cycle de réunions non stop a donc permis un tant soit peu de rapprocher les différents points de vue des deux communautés autour de l'impératif besoin de calme pour restaurer la paix civile. Tous les notables que nous avons pu approcher nous ont confirmé leur engagement personnel de peser sur les évènements dans le sens de la paix. “Nous sommes condamnés à vivre ensemble. D'ailleurs, pourquoi en serait-il autrement alors que nos deux communautés ont coexisté pacifiquement et harmonieusement pendant des siècles ?” nous assène Hadj Hamou. Après un long soupir, il ajoute : “La seule et unique façon pérenne de ramener le calme définitivement, c'est d'abord de restaurer l'autorité de l'Etat qui a été, à mon sens, défaillante, et d'être rigoureux dans la justice des hommes. Car celle divine, personne ne peut en échapper !” Hier, Berriane donnait cette impression de ville fantôme. Un paysage de désolations tant les dégradations sont partout : le sol jonché de caillasses et de débris en tous genres. Pneus brûlés, véhicules calcinés, murs des magasins éventrés, noircis par les incendies, demeures complètement vandalisées avant d'être incendiées. C'est la triste et désolante situation engendrée par les émeutes. L'image la plus effroyable est cette longue procession de camions et de fourgonnettes chargés de mobiliers qui s'entrecroisent. Et cette insupportable et suffocante odeur de gaz lacrymogène qui, partout, étreignait les poumons et irritait les yeux jusqu'aux larmes. “Non seulement nous ne trouvons rien pour nourrir nos enfants, mais ces gaz sont en train d'étouffer les bébés et les femmes enceintes. Nous n'avons même pas de vinaigre pour nous en prémunir”, nous affirme un citoyen. L. KACHEMAD