C'est dans une ambiance solennelle, et en présence de nombreux journalistes, que la feuille de route, préambule à une charte de paix définitive entre les deux communautés, malékite et ibadite de Berriane, a été signée par les représentants des deux communautés, ainsi que par M. Yahia Fehim, le wali de Ghardaïa, et le ministre délégué aux collectivités locales et ministre des ressources en eau par intérim, M. Daho Ould Kablia. Arrivé hier en début de matinée à Ghardaïa, accompagné de son chef de cabinet, le ministre délégué aux collectivités locales et ministre des ressources en eau par intérim, M. Daho Ould Kablia s'est tout de suite dirigé vers le siège de la wilaya, où l'attendaient les notables (aâyane) des deux communautés pour la signature d'une feuille de route, préambule à la conclusion d'une charte de la paix, qui scellerait définitivement la concorde retrouvée entre toutes les composantes de la ville de Berriane. Entouré de son chef de cabinet, du wali de Ghardaïa, M. Yahia Fehim, des responsables sécuritaires de la wilaya, des sénateurs et des députés de la wilaya de Ghardaïa et en présence de nombreux confrères et consœurs des médias, M. Daho Ould Kablia a félicité les deux parties pour les résultats obtenus et ce, malgré tout le poids de la responsabilité et des pressions subies ici et là. “Je suis honoré aujourd'hui d'être parmi vous, pour participer à cette fraternité retrouvée. Vous avez beaucoup travaillé, enduré et supporté pour en arriver à cette consécration, qui n'est encore que le premier, mais ô combien important, palier pour la concorde à Berriane. Tous vos efforts ont convergé vers un seul et unique but, celui de la paix, de la sécurité et de la sérénité pour tous les enfants de cette si chère région au cœur de tous les Algériens”. Et d'ajouter : “vos efforts n'ont pas été vains, puisque pour preuve, nous voilà aujourd'hui réunis autour d'une mouture de sortie de crise qui honore tous ses concepteurs et qui va, avec l'aide de Dieu, permettre à la région de retrouver son calme légendaire, lui permettant de retrouver le chemin de la prospérité.” 15 points à mettre en œuvre Concernant le choix des points à concrétiser, le ministre a précisé que “les 15 points constituant cette feuille de route ont été retenus après des cycles de dialogue entre les deux communautés avec l'appui des autorités locales et centrales. Ils ne constituent point la finalité du débat sur la perspective de sortie de crise. Ce ne sont que les prémices d'un accord commun sur le respect des deux parties à remplir et à respecter les termes d'un contrat de fraternité”. Avant de lâcher : “cela n'a pas été facile d'y arriver, car beaucoup de parties extérieures ont essayé de faire capoter les discussions. Rappelez-vous les communiqués belliqueux appelant à la fitna. Nous avons aujourd'hui, grâce à Dieu, passé ce cap et nous voici sur la voie de la fraternité retrouvée. Nous avons effectivement rencontré des interventions marginales qui ne voulaient pas d'une paix sociale, mais la fitna est derrière nous grâce à l'engagement sincère de toutes les parties et des gens de bonne volonté jaloux de la préservation de leur région et de leur pays.” Le ministre a ajouté qu'il nous a été donné d'apprendre que ces jours-ci, des gens appellent à la reconnaissance du rite ibadite dans la constitution, alors que celui-ci est de fait reconnu du moment que l'islam est consacré comme religion de l'état et qu'il est constitué de 8 rites, 4 sunnites, 3 chiites et 1 ibadite. S'ensuivit alors la cérémonie de signature des copies de la feuille de route par les porte-parole officiels des deux délégations des aâyanes des deux communautés, en l'occurrence M. Daoud Bourguiba, pour les ibadites et M. Bachir Kouader pour les malékites, avant de les faire parapher par M. Yahia Fehim, wali de Ghardaïa et M. Daho Ould Kablia, ministre délégué aux collectivités locales. Chaque porte-parole félicita l'autre camp de cette victoire, espérant que plus jamais la région de Berriane ou tout autre région d'Algérie ne revive ces pénibles moments. Ould Kablia exclut la main étrangère dans les évènements de berriane Dans un point de presse tenu dans la résidence de la wilaya, le ministre a affirmé qu'“il n'y a pas de main étrangère dans les évènements de Berriane, ce sont des personnes locales qui ont déclenché ces hostilités qui ont abouti à tous ces drames humains”. À une autre question sur l'évaluation des dégâts, Ould Kablia a répondu que “pour l'instant, nous n'avons pas une évaluation exacte des dégâts subis par les demeures, magasins et infrastructures. Mais ce que je peux dire, c'est que tout peut être remplacé sauf malheureusement les vies humaines, et pour lesquelles, je tiens encore une fois à m'incliner et à présenter mes sincères condoléances à leurs familles. Pour en revenir aux dégâts, les mesures pour le dédommagement seront débloquées et quelques-uns ont déjà été remboursés”. Il n'y a pas eu de dépassements des services de sécurité Interpellé à propos de certains dépassements des forces de l'ordre pendant ces évènements, le ministre a été catégorique : “il n'y a pas eu de dépassements et pour preuve, le plus grand nombre de blessés lors de ces affrontements a été du côté des forces de l'ordre.” Avant de reconnaître, toutefois : “il est vrai cependant qu'un CD vidéo nous a été transmis, montrant un membre des forces de sécurité déguisé avec un litham, prenant part aux affrontements. Je vous affirme que cet individu a été démasqué, puni et son supérieur local sanctionné.” Interrogé sur les chances d'aboutir de la feuille de route sur le terrain, le ministre a affirmé que “cette feuille de route et ses 15 points a valeur de test jusqu'à l'été. Si les deux parties arrivent à les faire respecter, et j'en suis convaincu qu'ils y arriveront, un autre document qui serait une espèce de charte de la paix sera signé et scellera définitivement la concorde et la fraternité entre tous les enfants de cette merveilleuse ville”. Pour ce qui est des perturbations scolaires et surtout des examens, notamment le bac, M. Daho Ould Kablia rassure à propos de “toutes les décisions idoines quant au respect des dates nationales pour les examens de fin d'année, tous cycles confondus. D'ailleurs, des instructions ont été données à l'effet de permettre aux enfants de Berriane de suivre des cours de rattrapage pour se remettre à niveau”. L. KACHEMAD