Sept mois après sa comparution devant le tribunal correctionnel de Tiaret, pour des raisons de culte, la jeune Habiba K., convertie au christianisme depuis l'année 2004, attend toujours l'épilogue de cette affaire. Pour rappel, le représentant du ministère public avait, à l'issue du procès ayant eu lieu au sein du même tribunal en date du 20 mai dernier, requis à son encontre la peine de trois ans de prison ferme après lui avoir fait endosser le délit de prosélytisme. Dès lors, le verdict attendu pour le 26 mai avait connu un report pour complément d'informations. Une décision contestée par Me Khalfoun, avocate de la défense, qui avait aussitôt introduit une procédure d'opposition auprès de la cour de Tiaret. Cependant, certains échos ayant circulé sur la place publique ont fait état d'un plausible dénouement de ce dossier pour la journée d'hier dans la mesure où certains détails faisaient croire à une volonté du tribunal de rendre son verdict. Néanmoins, la réalité est autre puisque l'affaire Habiba laissera encore couler un peu d'eau sous les ponts sachant que, selon certaines sources bien informées, la procédure entamée par l'instance judiciaire nécessite encore des retouches, ou un complément, avant de pouvoir rendre la sentence. Toutefois, autant rappeler que la genèse de cette affaire remonte au 29 mars dernier quand l'accusée, une jeune femme de 36 ans, originaire de Tiaret et ayant résidé à Oran, a été arrêtée dans un barrage dressé par les éléments de la Gendarmerie nationale au niveau du col de Guertoufa, à la sortie ouest de Tiaret, alors qu'elle se trouvait sur un siège d'un bus la ramenant d'Oran vers Tiaret. Lors du contrôle, les hommes de loi l'avaient interpellée avant de découvrir, dans son sac, des évangiles. Après son arrestation, cette dernière fut remise aux éléments de la Sûreté nationale qui l'avaient questionnée et maintenue en garde à vue durant 24 heures avant de la présenter devant le procureur de la République. Pratique d'une autre religion autre que l'Islam, sans autorisation, étant, jusqu'à preuve du contraire, le chef d'inculpation retenu contre elle. Nonobstant, depuis la tenue du procès en question, l'affaire n'a pas manqué de défrayer la chronique tant sur le plan national qu'international puisque des réactions, nourries par des impressions de toutes obédiences religieuses, ont été notées à tous les niveaux. D'ailleurs, certains observateurs des plus avertis sont convaincus que la chose a été à chaque fois bidonnée par des parties escamotées qui visent le clivage de la communauté algérienne. “La justice, au-delà d'un anathème de principe, est tenue de protéger la population contre toute forme d'assujettissement et de l'arbitraire et ce, quelle que soit sa corrélation religieuse”, nous affirmait, pour rappel, un avocat de renom que nous avions approché lors du procès de Habiba. Ce dernier maintenait, en substance, que “le sujet fondamental, tant pour les pouvoirs publics algériens que pour nos concitoyens ne doit pas être celui de châtier les gens pour la pratique de culte, mais de s'octroyer les valeurs universelles de justice, de quiétude et de latitude, de l'amour et de la tolérance ainsi que de la solidarité et de la communauté. Il est temps de chasser ces intentions égrillardes qui font de plus en plus preuve d'objection aux libertés de conscience et d'alternative religieuse”, soutenait-il en nous révélant avoir visité un jour un pays arabe où il a eu l'aubaine de côtoyer plusieurs personnes de différentes religions vivant en communauté. R. SALEM