Alger s'apprête à accueillir la réunion des chefs de la diplomatie de l'embryonnaire Union pour la Méditerranée. Le choix d'Alger porte à croire qu'il s'agit d'une réponse aux réserves et réticences algériennes provoquées par la distribution tendancieuse des sièges de la future union. Les pays appelés à devenir membres de ce groupement régional sont globalement d'accord sur le principe, à quelques réserves près comme la Turquie, qui craint de voir sa demande d'adhésion à l'UE tomber à l'eau, ou l'Algérie, qui entend élargir l'adhésion à tous les pays notamment la Palestine et la RASD. Si pour le cas palestinien, la réponse a été dans le discours de Tanger, octobre 2007, de Sarkozy qui suggéra son intégration une fois l'initiative mise en place, le Sahara occidental n'est jamais évoqué. Des conflits qui risquent de bloquer le processus. Si l'Europe s'inscrit dans une optique de réconciliation arabo-israélienne, optique sciemment mise en échec par les USA connus pour leur parti pris pour Israël, il n'en demeure pas moins que, sans tenir compte de l'opinion israélienne hostile à l'Europe considérée trop complaisante avec les pays arabes, des soupçons pèsent sur les intentions du Vieux Continent. Certains observateurs considèrent que le nouveau projet de Sarkozy, revu et corrigé par Merkel et la Commission de l'UE, vise à relancer les intérêts de l'Europe et ceux d'Israël. En perspective, le but est la généralisation de la normalisation avec Israël qui ambitionne d'avoir des sièges dans toutes les instances européennes ou autres. Si Alger, qui accueille cette réunion au sommet perçue comme une première étape dans le processus et comme une concession des partenaires, plaide légitimement pour, non seulement l'intégration des pays de la région sous occupation, et pose des conditions, c'est que les contours flous du projet laissent voir une sorte de vente concomitante. Et l'absence attendue d'Israël à cette réunion, que les médias israéliens n'ont pas commentée, prélude d'un échec. Echec de tout le processus largement évoqué hier par le consultant international et président du Cercle d'Amitié de l'Union Méditerranéenne, M. Lyès Ben Chédli qui prédit, dans un entretien à l'APS, le même destin que le processus de Barcelone. Pour les mêmes raisons qui ont conduit à l'enterrement de Barcelone perçu comme un regroupement de responsables politiques qui se situent loin des préoccupations des peuples. L'initiative, comme l'a relevé M. Ben Chédli, a occulté les sociétés civiles complètement dissociées du processus. La revendication comme la libre circulation des personnes est légitime, selon lui. Ou “la reconnaissance des crimes coloniaux”, a-t-il déclaré. L'autre raison a trait à l'association d'Israël et la demande aux pays arabes de travailler en commun, alors que l'ambassadeur français chargé du projet UPM, M. Alain Leroy, suivant le discours de Nicolas Sarkozy prononcé à Tanger, renvoie le règlement du conflit israélo-palestinien après création de cette union. Demande sous-tendue par la revendication de la sécurité d'Israël. Il n'a pourtant à aucun moment fait référence à l'occupation du Golan, des fermes de Sabra et la poursuite de la colonisation ou le retour aux frontières palestiniennes de 1967. Des revendications tout autant légitimes. Ce qui fait dire au consultant et président de Caumed : “Les concepteurs européens du projet d'Union pour la Méditerranée (UPM) font dans la prose, alors que l'on attend des actes concrets depuis 1995.” Djilali B.