Chouchou du public, en France avec les Bleus comme en Allemagne avec le Bayern, Franck Ribéry a reçu les clés du jeu de l'équipe de France, mardi soir en préparation de l'Euro contre la Colombie (1-0), et pourrait bien ne plus les lâcher. Au Stade de France, contre la Colombie, Raymond Domenech a réutilisé un milieu en losange, déjà apparu en automne à la fin des qualifications pour l'Euro, avec un “Francky” ovationné par les spectateurs, en meneur, au soutien des attaquants. Ce dispositif, sans doute lié à l'absence de Patrick Vieira (d'ores et déjà forfait pour le premier match contre la Roumanie le 9 juin et incertain pour le reste du tournoi), permet en tout cas de donner plus de liberté à Ribéry, qui répétait ces derniers temps se sentir à l'étroit sur son côté droit et avoir des vues à gauche, un flanc occupé par Florent Malouda. Mais Ribéry n'est pas qu'un créateur, c'est aussi un finisseur. Le joueur du Bayern a ainsi rappelé qu'il pouvait faire office de perceuse-multifonctions en inscrivant lui-même le but de la victoire sur penalty. Depuis son arrivée en Bavière cette saison, “Kaiser Franck”, un de ses surnoms en Bundesliga, est d'ailleurs devenu un spécialiste des penalties, lui qui refusait auparavant cet exercice (notamment en finale de Coupe de France perdue avec Marseille contre Sochaux en 2007 et en finale du Mondial-2006 contre l'Italie). En Allemagne, Ribéry s'amuse même à humilier les portiers adverses avec des “Panenka”. Il n'ose pas encore avec les Bleus. Et c'est lui aussi qui tire les corners du côté droit. Attention à la Ribéry-dépendance ! En tout cas, les équipes adverses l'ont clairement identifié comme la plaque tournante du jeu français. Et le traitement viril qu'il a reçu mardi soir contre les Colombiens préfigure sans doute ce qui l'attend à l'Euro. Il est d'ailleurs sorti du terrain avec une cheville bandée, ce qui ne devrait pas prêter à conséquence pour la suite. “Je vais me soigner et je serai prêt pour le match de la Roumanie”, a-t-il ainsi affirmé. Un joueur compte particulièrement sur lui, c'est Karim Benzema, 20 ans, la petite merveille de l'attaque française. Ribéry répétait souvent que Benzema était son “pote”. Mais leur complicité a réellement éclaté au grand jour lors des derniers rassemblements à Clairefontaine, avec ces deux vrais gamins se chamaillant lors des tennis-ballon/décrassages. Et sur le terrain, cela donne des une-deux qui laissent souvent leurs adversaires sur leur appuis, sans ressort. Dans le groupe C, dit “de la mort” (Pays-Bas, Italie, Roumanie, France), tout le monde est au courant. “Avec ces joueurs-là, la France possède deux éléments capables de faire basculer un match sur un coup de génie, prévient ainsi le milieu de terrain néerlandais Giovanni van Bronckhorst. Il faudra être très forts et très concentrés pour les contrer.” Les autres équipes ont aussi un œil sur “FerraRibéry”. Raymond Domenech parie sur une finale France-Allemagne ? Le milieu de terrain de l'équipe d'Allemagne, Torsten Frings, s'est empressé de rassurer les fans de la Mannschaft, impressionnés par la saison de l'ancien joueur de l'OM au Bayern : “Nos défenseurs tiendront bon face à Franck Ribéry”. “On sait qu'il peut aller à droite, à gauche, ça pose un vrai problème pour l'adversaire, se réjouit de son côté Domenech. Ce qui est figé est programmable, avec Franck rien n'est programmable.” Le joueur, lui, a déjà programmé de gagner l'Euro et de partir en courant, comme il l'a fait en Coupe d'Allemagne, avec le trophée.