Quelques heures après la fin du Forum des pays de la Méditerranée (Formed), vendredi à Alger, à l'issue duquel l'Algérie et d'autres pays arabes ont émis de sérieuses réserves sur la participation d'Israël au Projet d'union pour la Méditerranée (UPM), son initiateur le président français Nicolas Sarkozy a tenté de minimiser l'ampleur de l'hostilité anti-Israël. En visite à Athènes, le président français a affirmé que la présence dans l'UPM d'Israël ne posait “pas de problème” à des pays arabes comme l'Egypte, la Tunisie et le Maroc. Le chef de l'Etat français réagissait ainsi aux propos du chef de la diplomatie algérienne Mourad Medelci qui avait indiqué à l'issue du Formed que des pays arabes demandaient des “clarifications sur les conséquences”. “Ce n'est pas l'UPM qui doit faire la normalisation (des relations) entre Israël et les pays arabes, à laquelle n'était pas parvenu le processus de Barcelone” de 1995, liant l'Union européenne (UE) à cinq pays du sud de la Méditerranée, a souligné notamment M. Medelci. “Le processus de normalisation avec Israël, selon lui, relève d'un autre débat” parmi les pays arabes, qui ont voté à Beyrouth en 2002 une résolution réclamant l'évacuation par l'Etat hébreu des territoires palestiniens occupés en 1967 contre la normalisation de leurs relations avec lui et la création d'un Etat palestinien. Cette résolution a été confirmée par le dernier sommet arabe de Riyad. Nicolas Sarkozy, qui a déjà pris des engagements auprès d'Israël concernant sa participation à son projet au même niveau que les autres pays méditerranéens et européens, est cloué ainsi au pilori et tente de trouver une parade à la demande algérienne qui le met dans une situation embarrassante, à quinze jours de sa visite en Israël, prévue le 22 juin. En réalité, le chef de l'Etat français semble avoir intégré l'idée d'une absence du président Bouteflika au sommet de Paris. “S'il devait en manquer un ou deux, eh bien, nous verrons bien !”, avait-il dit, la semaine dernière, à Rome, lors d'une conférence de presse, en allusion aux absences annoncées de l'Algérie et de la Libye. “Mais ça n'empêchera pas le train d'avancer”, avait-t-il prévenu. Le quotidien français Le Monde estime pour sa part qu'avec l'Algérie, la France est engagée dans un exercice délicat. Selon ce journal, la mauvaise humeur du président Bouteflika à l'égard de M. Sarkozy tiendrait à plusieurs facteurs : la part belle faite par Paris au Maroc, où le président français a développé son idée pour l'UPM lors de discours prononcés à Tanger et à Rabat le 23 octobre ; les espoirs déçus du pouvoir algérien, qui comptait sur un rééquilibrage de la position française à propos du Sahara occidental ; et le constat que Paris a courtisé plus particulièrement l'Egypte (lui offrant la coprésidence de l'UPM) et la Tunisie (en lui faisant miroiter un secrétariat de l'UPM) ; enfin et surtout, la question des visas : Alger répète que le projet euro-méditerranéen “n'a de sens que s'il a une dimension humaine”. L'on se rappelle que l'Algérie avait réagi avec agacement à des informations de presse selon lesquelles la coprésidence de l'union reviendrait à l'Egypte et le siège du secrétariat installé en Tunisie et le secrétariat général confié à un Marocain. Paris s'était empressée de démentir ces informations qualifiées de “rumeurs”, par la ministre française de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie lors d'une visite début mai à Alger. R. B.