Les pays méditerranéens censés lancer en juillet l'Union pour la Méditerranée ne se sont toujours pas entendus sur une vision globale du projet. Pour le président français, Nicolas Sarkozy, initiateur du projet, l'Union pour la Méditerranée se propose de développer les relations avec les voisins du sud de l'Union européenne et d'améliorer la coopération avec eux dans les domaines du commerce, de la sécurité et de l'immigration. Les pays arabes, pour leur part, craignent que la présence d'Israël au sein de cette union ne sous-entende une normalisation de leurs relations avec l'Etat hébreux. D'ailleurs, le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a expliqué, à l'issue de la 15e conférence ministérielle du Forum méditerranéen vendredi à Alger, que "ce n'est pas l'UPM qui doit faire la normalisation (des relations) entre Israël et les pays arabes, à laquelle n'était pas parvenu le processus de Barcelone" de 1995, liant l'Union européenne (UE) à cinq pays du sud de la Méditerranée. Selon lui, "les processus de normalisation avec Israël sont liés à d'autres débats et d'autres engagements", rappelant le Plan de paix arabe de Beyrouth adopté en 2002 par la Ligue arabe. M. Medelci a d'autre part souligné que les pays membres de la future UPM n'ayant pas de relations avec Israël ne devaient "pas être contraints de participer à des projets communs" avec cet Etat au sein de l'UPM. Cependant, force est de constater qu'il est clair dans la tête du parrain du projet, qu'Israël fait partie, depuis le début, des pays concernés par l'UPM et doit participer au même titre que tous les autres pays. Sans en faire forcément une condition, les pays arabes demandent des éclaircissements. Car la vraie question est de savoir quel sera le rôle d'Israël dans cette Union pour la Méditerranée. Cette question de la présence d'Israël au sein de l'UPM rend sa concrétisation difficile politiquement. Le projet d'Union pour la Méditerranée avait pourtant tenté de contourner l'obstacle en mettant en avant des projets concrets, les moins politiques possible comme l'environnement ou les transports. Mais cela n'a pas suffi pour contourner l'obstacle. D'ailleurs, le colonel Kadhafi a déjà dit qu'il ne viendrait pas au Sommet fondateur de l'UPM le 13 juillet à Paris à cause de la présence d'Israël. Les pays arabes, très prudents, savent que l'Union européenne devrait signer un partenariat renforcé avec Israël le 16 juin et que Nicolas Sarkozy doit aller en Israël à la fin du mois. Si l'Europe se rapproche de l'Etat hébreu, les pays arabes n'auront pas forcément envie de se rapprocher de l'Europe.