Hadj Abdelhadi, les jeunes l'appellent également “Hadj Daniel” depuis qu'il s'est converti à l'islam, avec ses amis des deux rives travaillent à promouvoir l'image du désert. Ils entendent faire connaître le Gourara dans le monde entier. Les amis de Timimoun, c'est avant tout l'histoire d'un grand amour. Liberté : Quelles sont vos activités pour la promotion de Timimoun ? Daniel Emery : L'association algérienne a organisé les rencontres d'Ahellil (genre musical zénète mi-sacré, mi-profane spécifique à la région) au ksar. L'association française, qui gère le site Internet, fait de la publicité pour ces festivités locales et assure un encadrement sur place des voyageurs qui s'y rendront. L'intégralité des enregistrements d'Ahellil de l'époque 1978-1983 a été remastérisée et cédée par l'association française à l'office du tourisme et au centre de rayonnement culturel pour être passée en boucle aux voyageurs de passage qui n'auraient pas la chance de voyager au moment où ont lieu les chants lors des ziaras. De même, afin de présenter la région aux agences de voyages, aux associations et plus généralement aux voyageurs, un DVD a été produit comportant 3 clips photos sur les artistes, les paysages et les ziaras, avec des enregistrements musicaux originaux. Nous organisons également des expositions artistiques sur la région ainsi que des projections de films sur la région. Votre association organise-t-elle des voyages sur place ? Plus généralement, les deux associations travaillent à accueillir les groupes de voyageurs préconstitués en leur fournissant toute la documentation préalable à leur départ et des idées de voyages à thèmes (musicaux, artistiques, etc.), avec prestation de “go between” en direction des agences ou référents locaux choisis en fonction des desiderata exprimés par les voyageurs. L'association qui n'est pas une agence de voyages n'organise pas de voyages au sens qu'on entend dans ce secteur professionnel. L'association qui n'est pas insensible à l'état délabré de la palmeraie de Timimoun, suite à l'abandon des travaux de curage des foggaras, essaie de faire émerger des solutions alternatives permettant de ramener de l'eau dans les jardins. Vous parlez du tourisme humain. En quoi consiste ce concept ? Ce projet vise à permettre aux visiteurs d'être immergés le plus complètement possible dans la culture et les coutumes locales de la région, et cela se fait en développant l'hébergement chez l'habitant. Cela permettra également à ce dernier de récolter directement les fruits de son hospitalité légendaire qui n'est plus à démontrer. En renonçant pour un court laps de temps au “confort” de la chambre individuelle de l'hôtel, les touristes hébergés chez l'habitant ont la chance de pouvoir tisser des liens humains profonds, de comprendre très vite la richesse humaine de cette région et de pouvoir même, de façon temporaire, participer aux nombreuses réjouissances populaires, ce qui n'est pas toujours facile lorsqu'on réside à l'hôtel où l'on est forcément plus isolé. Entretien réalisé par N. A.