Au lieu d'activer pour rapprocher les positions dans le but de concrétiser l'Union du Maghreb arabe, en sa qualité de président en exercice de l'ensemble, le colonel Kadhafi n'a pas trouver mieux que de la descendre en flammes en affirmant qu'elle n'existe même pas. Les diatribes contre les ensembles régionaux sont elles à la mode chez Mouammar El Kadhafi, comme l'indiquent sa sortie médiatique contre l'Union pour la Méditerranée, et celle plus récente encore contre l'Union du Maghreb arabe. En effet, lors de son discours à l'occasion du 10e sommet de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad) dans la capitale béninoise, Cotonou, le chef de l'Etat libyen s'en est violemment pris à l'Union maghrébine et à ses membres. Pour convaincre son auditoire que l'approche de l'unification de l'Afrique, par le moyen des ensembles régionaux, n'est pas la solution idoine pour réussir, Mouammar Kadhafi est tombé à bras raccourcis contre l'UMA, en disant : “Personnellement, je suis président de l'Union du Maghreb arabe, un ensemble politique et économique. Cette union n'existe pas, zéro, mensonge, oui. Cela est un témoignage de ma part, et je suis le président de cette union depuis des années. Il n'en existe que le nom d'union, et rien d'autre.” Ne s'arrêtant pas là, il ajoutera : “La réalité est qu'il n'y a pas d'union, mais au contraire, il existe une inimitié entre ses membres.” Plus grave encore, le leader libyen ira jusqu'à affirmer : “L'Algérie et le Maroc, membres de l'Union du Maghreb arabe, sont en état de guerre et leurs frontières sont fermés.” En attaquant ainsi l'UMA, Kadhafi recherchait-il des exemples justes pour rendre son argumentation contre les ensembles régionaux consistante, où est-il en quête d'arguments pour le dissoudre ? En effet, aller jusqu'à affirmer que le Maroc et l'Algérie sont en guerre relève de la pure affabulation, même si les rapports entre les deux pays ne sont pas au beau fixe, et sont loin de constituer le modèle à suivre pour la concrétisation de l'UMA. Le conflit du Sahara Occidental est, comme tout un chacun le sait, la raison des divergences entre Alger et Rabat. Il n'en demeure pas moins que les deux pays ont à maintes fois émis le souhait de mettre de côté ce différend et poursuivre l'édification de l'Union du Maghreb arabe. Au lieu de saisir cette opportunité et rapprocher les positions des uns et des autres, comme le recommanderait sa position de président en exercice de l'UMA, le leader libyen jette de l'huile sur le feu et semble rechercher la division. Quelle mouche a donc piqué Mouammar El Kadhafi pour vouloir la fin de cet ensemble, qui demeure le rêve des peuples de la région, et dont l'intégration économique constitue l'unique moyen de son développement effectif ? On ne peut que s'interroger sur ses motivations, d'autant plus qu'il fut, il n'y a pas si longtemps, l'un des plus ardents défenseurs de la concrétisation de l'Union du Maghreb arabe. Par ailleurs, cela est vivement conseillé et souhaité par les pays de l'Union européenne, qui y voient le meilleur moyen de rapprochement entre les rives nord et sud de la Méditerranée. K. ABDELKAMEL
