Redoutant un fiasco le 13 juillet prochain lors du sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée, que pourrait provoquer des défections de certains chefs d'Etat du pourtour méditerranéen, dont notamment Mouammar El Kadhafi et Abdelaziz Bouteflika, le président français cherche à convaincre les opposants à son projet, à commencer par le bouillonnant leader libyen. Porteur d'un message du chef de l'Etat français, un émissaire de l'Elysée était à Syrte jeudi, dans l'espoir de ramener le colonel Kadhafi à de meilleurs sentiments par rapport à l'Union pour Méditerranée pour qu'il prenne part le 13 juillet prochain à Paris au sommet du lancement du projet cher à Sarkozy. En effet, Mouammar El Kadhafi a reçu le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, envoyé spécial du président français Nicolas Sarkozy accompagné d'une délégation de haut niveau, selon l'agence officielle libyenne Jana. Cette même source a indiqué que la rencontre s'inscrivait dans “le cadre de la concertation permanente entre les deux dirigeants sur les sujets d'intérêt commun, et en particulier sur la zone méditerranéenne et les Unions africaine et européenne”. Bien qu'aucune information n'a filtré sur la teneur de l'entretien, il est clair que Nicolas Sarkozy abat ses dernières cartes pour convaincre les opposants à son projet, à commencer par le leader libyen, qui n'avait pas mâché ses mots pour s'attaquer à l'Union pour la Méditerranée en affirmant qu'il allait “se battre” contre le projet. “Si c'est pour liguer l'Europe et six pays d'Afrique contre tout notre continent, c'est non !” avait-il notamment lancé à l'ouverture du 10e sommet de la Communauté des Etats sahélo-sahariens à Cotonou le 17 juin dernier. Une semaine auparavant, le 10 juin à Tripoli à l'occasion d'un mini-sommet arabe, Kadhafi avait rejeté avec force le projet de l'Union pour la Méditerranée, avertissant qu'il porterait atteinte à l'unité arabe et africaine. Ce refus libyen a été précédé par la demande de “clarifications” des pays arabes sur la participation d'Israël au projet et l'Algérie a réservé son adhésion, lors d'un Forum des pays de la Méditerranée (Formed) début juin à Alger. Ce fut ensuite au tour du président Abdelaziz Bouteflika de réserver sa réponse définitive quant à sa présence le 13 juillet prochain à Paris pour le sommet de lancement en répondant à la question du Premier ministre français, François Fillon, lors de son récent séjour algérois. Devant ces obstacles, Nicolas Sarkozy maintient le dialogue dans la perspective d'avoir raison des opposants à son initiative méditerranéenne. Il ne désespère pas de renverser la vapeur comme l'indique cette déclaration du porte-parole du gouvernement français Luc Chatel : “Nous souhaitons qu'il y ait autour de la table tous les acteurs concernés par ce projet qui est un projet majeur.” Selon lui, “la France, pas à pas, a convaincu ses partenaires européens et des pays d'Afrique du Nord et du bassin méditerranéen en insistant sur le fait que c'était une avancée par rapport au processus de Barcelone”. À Syrte, Claude Guéant a usé de toutes les ficelles pour convaincre Kadhafi, en lui faisant notamment part de “la volonté française d'avancer sur le projet d'accord-cadre entre l'Union européenne et la Libye”. Naturellement, il a également saisi l'occasion pour faire le point sur la mise en œuvre des accords signés lors de la visite du colonel Kadhafi à Paris en décembre dernier. Pour rappel, des contrats d'un montant de 10 milliards d'euros avaient été annoncés entre la France et la Libye lors du déplacement du leader libyen dans la capitale française. K. ABDELKAMEL