La direction régionale de la Caisse nationale des congés payés et du chômage de Laghouat a brisé un tabou. Elle vient de dévoiler des chiffres concernant la réalité du monde du travail dans la wilaya de Laghouat. En effet, les inspections inopinées effectuées dans 60 entreprises par les services de cette direction régionale ont révélé que plus de 1 250 travailleurs ne sont pas déclarés par leurs employeurs. Donc, sans aucune couverture sociale. Une autre forme de l'exploitation de l'homme par l'homme. Des infractions à la législation en vigueur allant de l'absence de bulletins de paie jusqu'à la non-déclaration en passant par la sous-déclaration des travailleurs sont quelques irrégularités constatées au niveau de 27 entreprises exerçant dans le territoire de la wilaya de Laghouat. Pas moins de 430 salariés perçoivent un salaire net inférieur au Salaire national minimum garanti (SNMG). Il existe des employeurs qui évitent de déclarer leurs travailleurs par souci d'économiser de l'argent en payant moins de charges. Les travailleurs exerçant dans différents secteurs, particulièrement dans l'agriculture, le bâtiment et les travaux publics (BTP), sont les plus touchés par ce phénomène et ne bénéficient par conséquent d'aucune couverture sociale. Un amer constat qui appelle à l'amélioration du contrôle visant à mettre un terme au phénomène des travailleurs non déclarés. Ces chiffres seraient toutefois loin de refléter la réalité, si l'on considère notamment le nombre d'entreprises non répertoriées au registre du commerce et qui emploient des milliers de travailleurs au noir. La question suscite moult interrogations et mérite un intérêt particulier. Les pouvoirs publics ont-ils pris conscience de la gravité de la situation ? Que fait l'inspection du Travail qui est chargée de veiller à l'application de la législation régissant les relations de travail ? Pourquoi les employeurs évitent de déclarer leurs employés à la Sécurité sociale en transgressant l'une des mesures imposées par la loi 90 - 11 du 21 avril 1990, modifiée et complétée, relative aux relations de travail ? Approché, un cadre de la Cnas de Laghouat préférant garder l'anonymat, nous a indiqué que “l'on ne contrôle pas des entreprises qui déclarent ses travailleurs. On inspecte que celles qui font abstraction de cette obligation”. Ce qui reste difficile à contrôler, selon lui, se sont ces entreprises travaillant dans le secteur informel. Malheureusement, l'un des facteurs favorisant cette fraude est, dans la plupart du temps, la complicité entre employé et employeur par crainte d'être licencié ou par souci de gagner plus d'argent. Ceci pour dire que les travailleurs ont, eux aussi, une part de responsabilité dans cette situation. Ils existent des travailleurs qui prennent souvent l'inspection du Travail pour une force cœrcitive. Il appartient, désormais, aux syndicats, quand ils existent, d'aider les salariés à s'en débarrasser de cette fausse image, alors que son rôle principal est d'assister les partenaires sociaux et les travailleurs pour les aider à améliorer les conditions du travail. BOUHAMAM Arezki