Le rythme de création d'entreprises est très faible en Algérie. C'est du moins ce qu'a souligné hier M. Mahrez Aït Belkacem, consultant et ancien directeur de la Caisse nationale d'assurance-chômage, lors d'une table ronde sur l'entreprenariat en Algérie organisé, hier, par la revue Economia, à la salle de conférences de la Safex, au Palais des expositions, les Pins- Maritimes. M. Mahrez Aït Belkacem, s'appuyant sur le rapport doing business de la banque, juge le climat des affaires en Algérie, médiocre. “L'Algérie est classée à la 131e place comparée à travers 178 économies. 14 procédures et 24 jours sont nécessaires à la société à responsabilité limitée pour pouvoir légalement commencer son activité”, relève-t-il. M. Mahrez Aït Belkacem, souligne, justement, le rôle de l'Etat à faciliter la création d'entreprise, à travers certes des soutiens financiers, mais surtout, la mise en place d'un environnement des affaires plus favorable aux affaires. L'ancien directeur de la Caisse nationale d'assurance-chômage reconnaît que l'Etat a mis en place des dispositifs, Ansej, Angem et Cnac, “extrêmement généreux”. Les dispositifs de soutien à l'emploi constituent une des solutions appropriées au traitement de la question du chômage. Ces dispositifs, qui s'inscrivent en rupture avec les approches antérieures et qui traitent le chômage par l'économique, se sont fixés comme objectif principal de favoriser la création d'activités de biens et services par de jeunes promoteurs. “Beaucoup d'argent a été injecté”, affirme M.Mahrez Aït Belkacem. “Mais c'est loin d'être suffisant”, ajoute-t-il, qualifiant les dispositifs “de réflexe de gosses de riches. Ne rentabilisant pas l'apport de l'Etat”. L'ancien directeur de la Caisse nationale d'assurance-chômage explique “surdimensionné la mission de dispositifs d'emplois de jeunes”, estimant qu'ils ne sont qu'“une panacée”. La création d'entreprise implique deux acteurs, indique M. Mahrez Aït Belkacem : le promoteur et le banquier, l'Etat n'étant que le facilitateur. C'est un lieu commun de dire que les petites entreprises accèdent difficilement au financement bancaire. La Société financière internationale (SFI) avait entrepris au cours de l'été 2006 une étude auprès de 500 micro et petites entreprises représentatives du tissu algérien d'entreprises et réparties dans les régions d'Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa et Oran. 80% de micro et petites entreprises algériennes considèrent qu'il est difficile, voire impossible, d'obtenir un prêt bancaire. Cela est attribué par les entrepreneurs du fait qu'ils ne sont pas en mesure de satisfaire les demandes de garantie des banques (30%). Les banques d'une manière générale, sont confrontées à une expérience de risque qui incite les banquiers à l'extrême prudence, dans la décision d'octroi de crédit aux petites et moyennes entreprises. C'est que pour les banques le financement de la création d'entreprises n'est, exclusivement, pas du seul ressort de la banque commerciale au regard du niveau élevé du risque encouru, avec un taux de sinistralité de l'ordre de 25%. “Il ne s'agit pas de transformer un chômeur en chômeur endetté”, lance M. Mahrez Aït Belkacem. Il faut donc accompagné le créateur d'entreprise. D'autant que le taux de mortalité, durant les trois premières années, (les entreprises qui meurent au bout de trois années d'existence), est élevé. “Il serait de 50 à 60%”, affirme Ali Harbi, consultant. M. Harbi relève que sur 17 000 sociétés de salariés, créées dans le cadre de la reprise par les salariés d'entreprises locales dissoutes, à peine 200 peuvent être aujourd'hui identifiées. L'ancien directeur de la Caisse nationale d'assurance-chômage suggère de faire une évaluation des coûts des dispositifs. M. R.