Se référant à un rapport, non démenti, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), une journaliste américaine affirme que les Etats-Unis ont violé la Convention de Genève en utilisant la torture dans la “guerre contre le terrorisme”, à tel point que l'administration du président George W. Bush pourrait être jugée pour crimes de guerre. Au moment où la polémique fait rage au sujet de l'éventuelle inculpation du président soudanais Omar El-Bechir par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre au Darfour, une journaliste américaine de l'hebdomadaire New Yorker publie un ouvrage de 392 pages, intitulé la Face cachée. Elle y explique “comment la guerre contre le terrorisme s'est transformée en une guerre contre les idéaux des Etats-Unis”. Jane Mayer ira jusqu'à écrire que les Etats-Unis sont devenus le premier pays à justifier les violations de la Convention de Genève, signée après la Seconde Guerre mondiale et dont le document d'origine est gardé au département d'Etat à Washington. Se basant sur un rapport, non démenti, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la journaliste, spécialiste du renseignement et du contre-terrorisme au journal, souligne que le document en question a été rédigé après avoir rencontré 14 détenus soupçonnés de terrorisme, qu'elle a remis en 2007 à la CIA, qui l'a transmis à George W. Bush et à sa secrétaire d'Etat Condoleezza Rice. Jane Mayer cite dans son livre le cas d'Abou Zubayda, le plus important membre d'Al-Qaïda jamais capturé par les Etats-Unis. Elle affirme que la Croix-Rouge “a décrit le régime auquel il a été soumis comme étant sans nul doute celui de la torture”. Plus grave, le CICR a “averti que cet abus constitue un crime de guerre, qui place les plus hauts responsables du gouvernement des Etats-Unis en situation de pouvoir être jugés, ont indiqué des sources proches du rapport”, selon la journaliste. Dans ce cas, la CIA a admis que Abou Zubayda avait été soumis à la technique de “la simulation de noyade”. L'œuvre raconte également comment dans les prisons de Guantanamo (Cuba), d'Abou Ghraïb en Irak, d'Afghanistan ou dans celles d'autres pays y compris en Europe, les Etats-Unis ont enfermé, clandestinement et sans charges, des milliers de personnes, parfois innocentes, en les torturant ou en les faisant torturer, créant une sorte de goulag. Outre le président George Bush, le livre vise aussi d'autres hauts responsables américains, dont le vice-président Dick Cheney, que la journaliste présente comme transformé par les attentats de septembre 2001 et capable de tout obtenir de George W. Bush. Dans ce même ordre d'idées, Jane Mayer, indique que “pour comprendre la réponse autodestructive de l'administration Bush au 11-Septembre, il faut regarder dans la direction de Dick Cheney, l'expert en apocalypses et le partisan sans complexes de l'élargissement du pouvoir présidentiel”. Donnant l'impression d'être désolée, elle affirme : “Pour la première fois dans leur histoire, les Etats-Unis ont formé leurs fonctionnaires pour qu'ils torturent leurs prisonniers, faisant de la torture une loi.” K. ABDELKAMEL