La justice va ouvrir prochainement un autre dossier du séisme du 21 mai 2003, qui concerne des communes relevant de la wilaya d'Alger, notamment celles de Rouiba, Réghaïa, Heuraoua, Aïn Taya et Bordj El-Bahri où plus de 800 personnes ont trouvé la mort lors de l'effondrement de leurs habitations. Selon une source judiciaire, la chambre d'accusation a demandé au juge d'instruction en charge de ce dossier de poursuivre l'instruction de cette affaire qui avait bénéficié déjà d'un non-lieu. Autrement dit, le dossier sera rouvert et un procès aura lieu au niveau du tribunal de Rouiba et concernera plus d'une cinquantaine de personnes entre techniciens de bureaux d'études, techniciens CTC, entrepreneurs, maîtres d'ouvrage. Ces personnes seront convoquées pour répondre aux chefs d'accusation “d'homicide involontaire, blessures involontaires, fraude dans les matériaux et non-respect des normes de construction en vigueur et contenues dans le règlement parasismique algérien de 1999”. Des délits condamnés par la loi et passibles de peines de prison conformément aux articles 288, 289, 429 et 77 du code pénal. Selon nos informations, le procès concerne plusieurs sites répartis sur ces communes qui ont fait, eux aussi, l'objet de rapports d'expertise établis par les mêmes commissions ministérielles qui ont travaillé sur les 15 sites de la wilaya de Boumerdès. Ce sont les brigades de la Gendarmerie nationale relevant de la wilaya d'Alger qui ont effectué les enquêtes sur ces sites sur la base de la plainte déposée au lendemain du séisme par le ministre de l'Habitat. Pour rappel, de nombreuses habitations collectives se sont effondrées comme des châteaux de cartes dans les localités de Réghaïa, Rouiba, Heuraoua ou Bordj El-Bahri et d'autres communes de la wilaya d'Alger. Même des bâtiments datant de l'époque coloniale, censés mieux résister aux secousses, n'ont pas été épargnés. Ces constructions auraient été, selon les enquêtes préliminaires effectuées, fragilisées par les différents travaux de réfection effectués, sans autorisation, par les locataires eux-mêmes. Certains d'entre eux n'ont pas trouvé mieux que de supprimer carrément les piliers pour l'extension de leurs locaux ou logements. À Réghaïa, l'effondrement du Bâtiment 10 reste gravé à jamais dans les mémoires. Plus de 400 personnes sont mortes ensevelies sous les décombres de ce bâtiment. Reste à savoir si ce site figure parmi les sites retenus pour le prochain procès. Ce qui est loin d'être évident puisque, selon un avocat rencontré au procès de Boumerdès, des orientations auraient été données aux commissions ministérielles de n'examiner que les constructions édifiées après 1981, date de la promulgation du premier RPA (Règlement parasismique algérien). Or le Bâtiment 10 date de l'époque coloniale. Ce sont les mêmes directives qui ont fait que le site des 1 200-Logements de Boumerdès, qui comptabilise à lui seul plus de 600 victimes, soit 25% du nombre total des victimes du séisme du 21 mai 2003, ne soit pas concerné par le procès. Une situation qui a révolté de nombreuses victimes habitant cette cité qui se demandent en quoi la cité des 1 200-Logements construite par Sonatrach est différente de celle des 256 Logements EPLF des Issers. L'autre exemple évoqué est celui qui concerne les cinq silos Eriad de Corso qui ont été littéralement cisaillés, bien qu'ils soient censés résister aux séismes compte tenu de leur caractère stratégique. “Les entreprises étrangères qui ont construit ces silos devraient, elles aussi, s'expliquer sur leur travail d'autant plus que le cisaillement de ces réservoirs a entraîné la fermeture de ce complexe considéré comme le plus grand en Afrique”, affirme un avocat. M. T.