Après des élections plus que contestées, c'est sous la médiation de l'Afrique du Sud que le pouvoir et l'opposition du Zimbabwe ont entamé des pourparlers politiques de fond à Pretoria. Les deux parties avaient signé, lundi, un protocole d'accord qui doit servir de cadre de négociations sur l'avenir politique du pays et dénouer la crise, sous la médiation du président sud-africain Thabo Mbeki, à Harare, la capitale zimbabwéenne. Le chef de file Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Morgan Tsvangirai et le président Robert Mugabe se sont engagés à discuter, après un échange de poignets de main. Mugabe avait annoncé que le pouvoir et l'opposition étaient tombés d'accord pour amender la Constitution “de diverses façons” en vue “d'un nouvel ordre politique”. Pour les pessimistes, cet accord, qui fixe les conditions pour la tenue de pourparlers destinés à former un gouvernement d'unité, ne ferait que prolonger l'agonie du pays. Mais d'autres observent qu'une coalition, avec Robert Mugabe à la tête de l'Etat et le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai au poste de Premier ministre ou de vice-président, représenterait le seul moyen de sortir la nation de l'impasse actuelle et de lancer le redressement de l'économie en pleine déliquescence. Le Zimbabwe traverse une crise politique depuis l'élection présidentielle qui s'est soldée par la victoire de Robert Mugabe malgré les critiques internationales. En tête à l'issue du premier tour du scrutin le 29 mars, Tsvangirai avait décidé de se retirer du second tour du 27 juin qui l'opposait à Robert Mugabe, en raison de l'escalade des violences contre ses partisans. D'après son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), plus de 120 de ses militants ont été tués par des agents des forces de sécurité et des membres de la formation au pouvoir, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF). Mugabe peut ainsi s'aménager une voie de sortie à l'isolement dans lequel l'a installé sa politique autoritaire. À la satisfaction de ses pairs africains qui ne l'avaient pas condamné lors de leur sommet au Caire. Le Zimbabwe devrait connaître une évolution qui a été expérimenté avec succès au Kenya où le président sortant contesté par l'opposition a fini par intégrer dans le pouvoir son rival en qualité de Premier ministre. Ce dernier, comme Tsvangirai, avait obtenu la majorité au Parlement. D. B.