Désormais, les experts français assureront des formations de perfectionnement aux Algériens à Alger. Le processus de coopération algéro-française dans le domaine de l'éducation et de la formation se développera, désormais, dans le cadre du nouveau dispositif piloté par le Quai d'Orsay et le Fonds de solidarité prioritaire multilatéral. Ce fonds est ouvert aux pays qui se heurtent à des problèmes criants, à l'instar de l'Algérie. L'attaché de coopération éducative près de l'ambassade de France, M. Pierre-Yves Jego, a affirmé au cours d'une conférence de presse qu'il a animée, hier, au Centre culturel français, qu' Alger a bénéficié jusque-là de trois projets de coopération sur FSP. Le premier projet a été finalisé avec le ministère de la Formation et l'Enseignement professionnels. Il concerne le pilotage et l'ingénierie de la formation professionnelle en Algérie. Devant être mis en application sur le terrain à compter de janvier prochain, ce projet, adopté le 15 du mois en cours par le Comité d'examen du ministère des Affaires étrangères français, est doté d'une enveloppe de 3,5 millions d'euros. Le deuxième projet évoqué par M. Jego traite de la qualité et de la modernisation de l'enseignement scolaire. Ce chapitre de coopération qui concerne le ministère de l'Education nationale est lié aux besoins exprimés par les Algériens dans le cadre de la réforme du système éducatif, aussi bien en matière des programmes que de manuels scolaires. Le conférencier a précisé à ce propos que les négociations entre les deux parties sont toujours en cours. La question du français dans l'enseignement supérieur et universitaire est l'intitulé du troisième projet pris en charge dans le cadre du FSP. Ce dossier traite du déficit criant enregistré dans les départements de l'enseignement du français au sein des universités algériennes. L'université algérienne est, aujourd'hui, encadrée par seulement 30 enseignants de français de rang magistral. Pour étayer ses dires, l'attaché de coopération éducative indiquera que sur les 650 000 étudiants inscrits dans l'université algérienne, seuls 6 500 poursuivent un diplôme de langue française, soit 1%. Pour cela, il annoncera l'ouverture d'une école doctorale de français qui assurera la formation et la recherche. Cet établissement n'aura rien à envier aux écoles doctorales de Bruxelles. L'animateur de la conférence soutiendra, en outre, que ces actions de coopérations et bien d'autres qui s'en suivront dans l'avenir seront prises en charge par des experts français en Algérie. L'exception sera accordée, dit-il, aux grandes compétences algériennes dont le perfectionnement nécessite un déplacement en France. Autrement dit, la nouvelle approche de coopération tracée par le département ministériel de Dominique de Villepin dans le cadre du Fonds de solidarité prioritaire se veut inverser les flux vers l'Algérie. Une autre conditionnalité, préconisée par les promoteurs de FSP, est liée à l'exigence de mettre en place du côté français des outils d'évaluations et de suivi des perfectionnements dont ont bénéficié les Algériens. Puisque avec les anciens modes de coopération bilatérales, telles que la coopération de substitution ou la coopération de guichet, la partie française n'avait pas le droit d'évaluer les compétences algériennes après leur retour en Algérie ou, pour paraphraser M. Jego, d'observer le réinvestissement du capital d'expérience acquis en France. Pour la petite histoire, quelque 4 500 Algériens, entre enseignants et cadres du ministère de l'Education, ont bénéficié de stages en France durant la période allant de janvier 1996 à décembre 2002. Le représentant de l'ambassade de France à Alger conclura que pas moins de 6 000 stages ont été organisés, sans que le partenaire français ait le droit d'observer le réinvestissement ou le retour de la formation en Algérie. Et d'ajouter que le même cadre de l'éducation bénéficie 4 ou 5 fois du même stage durant ces 6 ans. Sans le dire ouvertement, les Algériens partaient en villégiature. R. H.