Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural n'a pas lésiné, hier, sur les mots pour dire toute sa détermination à travailler “dans la transparence totale et à responsabiliser les gens”. C'est en tout cas ce qu'il a laissé entendre en substance en réponse à une question relative aux mesures qu'il compte prendre pour éviter des pratiques douteuses et illégales dans son secteur. “Nous sommes dans la rationalité des moyens de l'Etat”, dira-t-il d'entrée avant d'ajouter : “Si je vous désigne comme directeur de l'agriculture, vous êtes responsable de l'argent de l'Etat du début à la fin.” “Tout commence dans la transparence et les choses seront, dès le début, bien définies, il y aura une utilisation transparente et rationnelle de l'argent en coordination avec d'autres secteurs dont essentiellement le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales”, expliquera dans le cadre l'intervenant en réponse aux questions de la presse. Toutefois, le ministre expliquera qu'il y a des cas où des gens “se sentiront plus malins que d'autres”. Face à cette catégorie d'intervenants dans le secteur de l'agriculture, le membre du gouvernement Ouyahia dira : “J'espère qu'ils ne seront pas plus malins que nous.” Interrogé sur la Chambre nationale de l'agriculture, le ministre aura des mots très durs à l'adresse de son président présent dans la salle. “Je ne vais pas vexer le président de la Chambre nationale de l'agriculture, mais c'est un président élu, c'est tout ! Celui qui veut faire une association, il n'a qu'à la faire seul”, dira-t-il avant de préciser que cette institution est “publique et doit utiliser de manière rationnelle le budget qui lui est alloué par l'Etat”. Et d'ajouter : “Les Chambres d'agricultures ne sont pas des Chambres de commerce, elles ont, dans leurs actions, besoin de faire des démonstrations où elles doivent créer un contexte d'émulation chez les agriculteurs au niveau de la base.” “Qu'il y ait incompréhension, ça peut arriver, mais qu'il y ait dérive ! Non et non !”, dira le ministre en orientant son regard vers le président de la Chambre nationale de l'agriculture avant de noter : “Nous sommes dans une mutation importante et nous voulons que les Chambres d'agriculture jouent pleinement leur rôle dans le cadre d'un recentrage des choses et huiler les systèmes pour que chacun se sente concerné par la sécurité alimentaire dans notre pays.” Quoiqu'il en soit, le ministre expliquera l'institution d'un dispositif à même de garantir la transparence dans la gestion de l'argent : “On mettra en place des outils modernes de suivi et nous allons former des gens pour qu'on se comprenne et qu'on parle le même langage.” Le ministre évoquera à ce sujet la création d'un nouveau corps en la matière : “Je vais créer un corps parallèle qui est celui des superviseurs et d'enseignants”, dit-il avant de noter : “Pour moi, cette initiative est plus importante que l'argent.” Interrogé sur l'enveloppe budgétaire que coûtera cette mutation et modernisation de l'agriculture nationale, le ministre qui expliquera que cela coûtera moins cher si l'ensemble des intervenants dans le secteur se met en synergie et crée des circuits dans sa filière, ajoutera que “cela est un moindre mal quand on sait que l'enjeu de la sécurité alimentaire, considéré comme un domaine de souveraineté nationale est tel que notre sécurité tout court”. Par ailleurs, le ministre évoquera les mesures prises lors de la réunion des cadres du secteur de l'agriculture et du développement rural les 19 et 20 juillet derniers. À ce propos, il parlera du renforcement de la sécurité alimentaire à travers des programmes spécifiques d'intensification des productions de base (céréales, légumes secs, lait cru et huiles végétales) qui seront lancés à partir de la campagne agricole 2008/2009. Parallèlement, un vaste programme de développement des semences et plants au cours de la même campagne agricole. “Ces semences constituent le premier maillon de la sécurité alimentaire”, note le ministre. N. M.