Rachid Benaïssa fera remarquer que “les acteurs de la filière sont dispersés”. Il faut “mettre en connexion et en synergie les différents intervenants au niveau national”, a-t-il préconisé Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a annoncé, hier, d'importantes mesures intéressant la filière du lait à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a animée à l'issue de la rencontre des cadres de son ministère. “Des mesures seront prises très prochainement pour le renforcement de la prime de production, de collecte et de l'intégration du lait”, a-t-il dit. Par “renforcement” de la prime, le ministre de l'Agriculture entendait augmentation de la production, de la collecte et de l'intégration du lait. C'est du moins ce qu'expliquera un cadre du ministère de l'Agriculture qui fera savoir que le ministre annoncera sous peu le niveau de cette augmentation. Pour expliquer les fondements de cette décision, qui va certainement réjouir les intervenants dans cette filière, Rachid Benaïssa fera remarquer que “les acteurs de la filière sont dispersés. L'éleveur n'a pas intérêt à vendre à la laiterie, il vend à côté. La laiterie n'a pas intérêt à travailler avec l'éleveur, elle préfère travailler avec la poudre de lait soutenue. Ces deux acteurs, qui sont la colonne vertébrale de la filière, se tournent le dos”. “On a intérêt à mettre en connexion et en synergie ces acteurs au niveau national pour le bon fonctionnement de la filière”, préconisera le membre du gouvernement. D'autres mesures d'encouragement seront également prises en faveur des acteurs de la filière qui augmenteront le capital productif du lait, les éleveurs qui seront disposés à l'alimentation du cheptel, de même que ceux qui investissent dans l'insémination artificielle. Ces mesures incitatives sont de plusieurs ordres : financier, organisationnel et administratif, dira le ministre tout en insistant : “Les différents acteurs doivent savoir que leur avenir sera ensemble, ils ont donc tout intérêt à s'associer et à conjuguer leurs efforts.” Interrogé sur la période retenue par son département pour résorber définitivement le problème du lait, M. Benaïssa dira : “Je suis convaincu que nous avons les capacités d'améliorer sérieusement notre niveau de production de lait qui viendra inéluctablement par la connexion des différents acteurs de la filière.” D'autres mesures incitatives ont été déjà annoncées. Elles concernent notamment les céréales. Il a été décidé, à ce propos, une diminution de 20% des prix des engrais destinés à la production céréalière. De même qu'il y a eu des allégements dans l'obtention des crédits bancaires. À l'image de la simplification de la procédure en la réduisant au seul engagement de l'APC se portant garant de l'agriculteur en question. Le ministre a expliqué que des prêts seront consentis à ce sujet, sans tenir compte des dettes que les céréaliculteurs ont contractées l'année dernière. “C'était une année de sécheresse”, a-t-il noté. Le ministre de l'Agriculture, qui a eu des mots durs à l'endroit des responsables de l'agriculture et de l'administration au niveau local, en les menaçant de mettre fin à leurs fonctions ou à porter leurs cas devant la justice, a été sollicité pour plus d'explications à ce propos : “Je pars du principe qu'on ne peut pas sanctionner quelqu'un qui ne sait pas. Il faut que notre politique soit visible, et une fois que les règles sont élaborées et les clarifications visibles, ensuite, il faut dire qu'il ne sera pas admis que des gens restent sans travailler !” Il faut rappeler que le ministre de l'Agriculture a utilisé un langage peu amène à l'endroit “des forces de l'inertie et de ceux qui refusent de suivre les règles définies et établies par tous dans le cadre de la nouvelle politique agricole et du recentrage des missions et des objectifs de chacun”. “Soyez intransigeants”, a-t-il dit en substance aux responsables au niveau local en leur demandant même de “déposer une plainte contre un responsable qui veut travailler à sa guise et qui n'a pas encore commencé à mettre en œuvre le processus des contrats de performance au niveau de sa wilaya”. Dans le même ordre d'idées, il mettra en garde contre ceux qui seront tentés par la triche sur la question du stockage de la pomme de terre : “Il y a 120 000 tonnes de pomme de terre stockées, il y aura toujours des pourcentages de pertes pour des pommes de terre qui seront avariées, mais attention il ne faut pas qu'il y ait de la triche.” Cette fermeté dans le ton a un rapport avec l'enjeu majeur de la loi sur l'orientation agricole, qui se décline à travers la sécurité alimentaire qui est “un problème de souveraineté nationale”. “Il faut une prise de conscience collective de l'importance de libérer les initiatives des créateurs de richesses, qui sont les agriculteurs, les éleveurs et les investisseurs dans l'agroalimentaire, pour nous mettre à l'abri de la crise”, a-t-il dit en substance. NADIA MELLAL BOUALI