L'impuissance des Nations unies, voire leur échec dans le règlement pacifique de la question sahraouie, semble s'installer, surtout après la sortie scandaleuse de Peter Van Walsum, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU et néanmoins médiateur des négociations, lancées depuis juin 2007, entre le Front Polisario et le Maroc. Même si ce dernier est revenu sur ses déclarations relatives à l'impossibilité de créer un Etat sahraoui indépendant, en reprochant cette fois au Conseil de sécurité sa complaisance vis-à-vis de l'occupant marocain, et à Rabat ses manquements à la légalité internationale, il n'en demeure pas moins que le diplomate néerlandais a rompu la réserve afférente au poste, fort délicat, qu'il occupe, et ébranlé la confiance du peuple sahraoui. “Les Sahraouis ont toujours fait preuve d'une grande disponibilité vis-à-vis des Nations unies pour le règlement juste et régulier de ce conflit, en sachant qu'ils ont le droit international avec eux. Ils sont toujours disposés à poursuivre les négociations sous l'égide de l'ONU, mais ils ne veulent pas de ce médiateur qui s'est aligné à la propagande marocaine”. Ces propos ont été tenus, hier, par le Chef du gouvernement de la République sahraouie (RASD), Abdelkader Taleb, lors d'une conférence de presse animée au siège de l'APC d'Alger-Centre. Venu en visite dans le cadre de la caravane de solidarité avec le peuple du Sahara occidental, qui sillonne les différentes régions de notre pays, ainsi que dans celui des activités de jumelage entre les camps de réfugiés sahraouis et les villes algériennes, ce dernier a laissé entendre que “le vide politique” ou encore “le statu quo actuel” est exploité par le Maroc qui “accumule les preuves de ses violations”, à travers la poursuite de sa politique de répression en direction de la population sahraouie des territoires occupés. Outre l'absence de date précise du 5e round des pourparlers, “cette situation est loin de participer également à créer un climat de confiance et n'annonce rien de bon”, a révélé le chef de l'Exécutif sahraoui. Selon lui, les repères tangibles se limitent à avril 2009, date de fin de mandat de la mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso) et à la présentation du rapport par Ban Ki-moon. “Nous espérons que ce vide sera comblé d'ici là”, a déclaré M. Taleb, non sans rappeler que “l'ONU est responsable” du statu quo affectant une fois de plus le dossier de décolonisation de l'ancienne colonie espagnole. “Aucun Etat dans le monde ni organisation internationale ne reconnaissent, à ce jour, la souveraineté du Maroc sur le territoire non autonome du Sahara occidental. Même les amis du Maroc ne peuvent aller à l'encontre du droit international”, a par ailleurs soutenu l'intervenant. Il a cependant déploré l'absence de “pressions fortes” sur le royaume chérifien qui “est présent au Sahara occidental par la force”. Il a aussi reproché à Rabat de “ne pas avoir tiré les leçons” de son agression, alors que “l'occupation du territoire sahraoui a contraint le Maroc à dépenser 90 milliards de dollars depuis le début du conflit (…), bloqué son développement et retardé l'avènement de la démocratie dans ce pays”. Comment les Sahraouis comptent-ils riposter ? “Aujourd'hui, les Sahraouis sont plus déterminés à recouvrer leurs droits nationaux, malgré les contraintes et les pressions”, a affirmé le ministre de la RASD. Abdelkader Taleb s'est d'ailleurs reporté, dans ce cadre, au dernier congrès du Polisario qui, a-t-il expliqué, a pris note de l'entrée de la délégation sahraouie dans les négociations de Manhasset, en décidant notamment de “se préparer à toute autre éventualité” et de “casser l'embargo dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine”. “La communauté internationale est aujourd'hui devant deux choix : soit le respect de la légalité internationale, soit la politique d'expansion et de violation des frontières”, a-t-il martelé. H. Ameyar