Après avoir dirigé trois rounds de négociations, depuis juin, entre le Maroc et le Front Polisario, le médiateur onusien déclare n'avoir pas encore trouvé de solution. Il semble qu'on ne fera pas encore la paix. L'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, Peter Van Walsum, a déclaré, lundi soir à Alger, qu'il n'avait «pas encore de solution». C'est comme si le conflit datait d'aujourd'hui et était tombé subito du ciel. Pourtant, toutes les résolutions onusiennes inscrivent la question sahraouie dans le registre des affaires qui relèvent de la décolonisation. Peter Van Walsum est à côté de la plaque. Après avoir dirigé trois rounds de négociations, depuis juin, entre le Maroc et le Front Polisario, le médiateur onusien déclare n'avoir pas encore trouvé de solution. Ou Peter Van Walsum ne maîtrise pas encore totalement ses dossiers, ou alors il est soumis à une certaine pression, le poussant jusqu'à dire qu'il n'a pas encore trouvé de solution. Il n'ignore certainement pas que cette même solution n'a cessé d'être citée par les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahara occidental. Qu'on le veuille ou non, Peter Van Walsum a commis un gros impair diplomatique. Il semble que le représentant de Ban Ki-moon ignore complètement les objectifs principaux des négociations qu'il dirige depuis le mois de juin dernier. Le Conseil de sécurité de l'ONU a stipulé, le 30 juin 2007, dans sa dernière résolution 1754 sur le Sahara occidental, «d'engager des négociations de bonne foi sans conditions préalables, en tenant compte des développements survenus ces derniers mois, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». La solution que cherche Peter Van Walsum est donc claire et ne souffre aucune ambiguïté: «Parvenir à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental.» Or, le Maroc pose un préalable dès lors qu'il exige que les négociations en cours aient pour seul but d'amener les Sahraouis à accepter son projet «d'autonomie du Sahara dans le cadre de la souveraineté marocaine», a contrario de la solution préconisée: organiser un référendum pour déterminer le propriétaire du territoire. Et Rabat ne peut à l'évidence accorder l'autonomie à un territoire qui est disputé entre le représentant légal du peuple sahraoui, le Front Polisario, et le Royaume chérifien. Quant aux moyens, l'ONU a toutes les prérogatives de mettre les méthodes nécessaires pour l'organisation de ce référendum. Il y va de sa crédibilité en tant qu'organisation chargée de maintenir et de veiller à la paix et à la sécurité à travers le monde. Cette même organisation planétaire que dirige le Sud-Coréen Ban Ki-moon n'a, faut-il le souligner, toujours pas assumé ses pleines responsabilités dans le dossier sahraoui. Les Nations unies semblent aujourd'hui totalement à la merci des cinq puissances détentrices du droit de veto, dont la France et les USA, les deux pays parrains du Royaume chérifien, mais carrément en divorce avec les fondamentaux de la Charte onusienne des droits de l'homme. Peter Van Walsum a aussi déclaré à Alger que «le but principal de ma tournée est d'écouter les idées des uns et des autres sur la façon de rendre les négociations plus substantielles». Dans la forme, l'ONU est en passe de devenir une simple organisation consultative. Mais dans le fond, il appartient à cette même organisation de mettre «d'éperonner» la partie marocaine qui ne fait que bétonner sa position d'intransigeance qui n'est autre qu'une violation claire des résolutions 1754 et 1783 qui stipulent que les négociations de Manhasset «doivent se tenir sans conditions préalables». Le diplomate onusien a usé d'un langage qui, manifestement, n'est pas à la hauteur de la mission dont il assume la grande responsabilité. Peter Van Walsum a dit tout bonnement «avoir de l'espoir» d'aboutir à un règlement, mais qu'il ne «voulait pas donner de faux espoirs, que tout va s'arranger au quatrième round» de pourparlers, prévu du 11 au 13 mars à Manhasset, près de New York. Il faut dire que la solution que cherchait Peter Van Walsum ne relève pas de l'alchimie. L'ONU doit s'investir pleinement dans sa mission, quitte à imposer des sanctions légales contre le Maroc pour casser son intransigeance. Car, s'il y avait bruit des armes au bout du compte, ce serait à Ban Ki-moon et son envoyé personnel pour le Sahara occidental, Peter Van Walsum, qu'échoirait la responsabilité. Après Alger, l'envoyé de l'ONU doit se rendre en Mauritanie, dernière étape de sa tournée dans la région, qui l'a déjà conduit au Maroc et dans les camps de réfugiés sahraouis. L'Algérie et la Mauritanie assistent aux négociations en qualité d'observateurs en tant que pays voisins du Maroc et du Sahara occidental.