L'ouverture des jeux Olympiques se prépare dans un climat de tension au lendemain d'un attentat à Kachgar au Xinjiang, qui a coûté la vie à 16 policiers. Les autorités ont renforcé la sécurité annonçant l'arrestation de présumés terroristes parmi les radicaux des Ouïghours, une communauté musulmane remuante dont les extrémistes exigent l'autonomie, voire la séparation de l'Etat central. La police chinoise a frappé fort et les deux auteurs de l'attentat meurtrier ont été ramassés le lendemain de leur forfait. Ils étaient en possession de documents “appelant à la guerre sainte islamique”, a indiqué, hier, la police chinoise. Selon l'agence officielle Chine Nouvelle, deux hommes à bord d'un camion ont foncé lundi sur un groupe de 70 policiers qui faisaient leur jogging matinal, à Kachgar, commune de la région à majorité musulmane du Xinjiang située à 4 000 km à l'ouest de la capitale chinoise, avant de lancer des grenades et de poignarder les survivants. Les débris de cinq engins explosifs ont été retrouvés sur les lieux. C'est l'attentat le plus meurtrier de ces dernières années en Chine. Les deux assaillants interpellés sont ouïghours, l'ethnie principale du Xinjiang rassemblant des musulmans turcophones, a indiqué Chine Nouvelle. Ils font vraisemblablement partie de l'Etim, le Parti islamique du Turkestan oriental, a affirmé hier le quotidien officiel de langue anglaise China Daily. L'Etim a été placée, sous pression chinoise et américaine, sur la liste des organisations terroristes de l'ONU. La sécurité a été renforcée dans la région et la tension était palpable même dans la capitale vers laquelle affluent athlètes, officiels des jeux Olympiques et touristes. Les habitants de la commune meurtrie sont restés bouche cousue, refusant de répondre aux sollicitations de la presse étrangère qu'ils renvoient aux médias chinois. Les Ouïghours, dont certains sont accusés par Pékin de mener des actions indépendantistes violentes, se son toujours plaints d'être victimes “de répression et de discrimination” de la part du gouvernement central qu'ils accusent de vouloir les noyer dans l'ethnie Han dont Pékin facilite l'installation. La dissidente ouïghour en exil aux Etats-Unis, Rebiya Kadeer, tout en condamnant l'attaque, a exhorté Pékin à ne pas réprimer les “Ouïghours pacifistes”. Tandis que les dignitaires religieux ouïghours passent en boucle sur les télévisions chinoises pour affirmer que l'islam chinois est tolérant et pacifiste. Les autorités chinoises n'ont pas établi si l'attentat non revendiqué avait un lien avec les jeux Olympiques qui s'ouvrent vendredi. Elles ont assuré ne pas avoir de crainte pour la sécurité de la flamme à Pékin, lors du relais débutant aujourd'hui. “Nous pouvons assurer la sécurité des jeux Olympiques”, a assuré le porte-parole du comité d'organisation (Bocog), Sun Weide qui a affirmé : “Nous avons déjà en place un imposant système de sécurité, nous sommes préparés à faire face à toutes sortes de menaces.” “Il y a un risque qui pèse sur la sécurité des jeux Olympiques, c'est pourquoi nous avons préparé des centaines de plans”, a encore dit le porte-parole, sans donner de détails. Selon des experts, le risque d'attaque islamiste en Chine lors des Jeux existe, mais la capitale chinoise sera une cible difficile à frapper, notamment par les radicaux ouïghours dont les déplacements sont très contrôlés. Les chefs d'Etat étrangers commencent à débarquer à Pékin. D. B.