Le trafic de drogue connaît un extraordinaire bond depuis la fin de l'année 2007. Les quantités saisies depuis janvier 2008 dépassent celles de la même période de 2007 de 335%. Le phénomène a pris de l'ampleur et les trafiquants ont diversifié leur mode opératoire, les moyens et voies d'acheminement. On ne se contente plus de faire du trafic, on est allé plus loin avec la culture du cannabis et l'introduction de celle du pavot à opium. La Gendarmerie nationale a traité 1 446 affaires liées au trafic de stupéfiants pour le seul 1er semestre de 2008. Une hausse de 20% par rapport à 2007 qui a connu 1 202 affaires. La plus grosse affaire a été constatée à Béchar où les garde-frontières ont intercepté 4 tonnes et 302 kilos de kif traité. Dans la même région, ils ont saisi par deux fois 20 quintaux. Le renforcement du dispositif de surveillance à la frontière ouest, particulièrement du côté de la wilaya de Tlemcen, et des moyens, a poussé les narcotrafiquants à ouvrir des pistes plus au Sud. Ces saisies interviennent au moment où les nouvelles cultures arrivent à maturité alors que les stocks au Maroc, principal producteur et exportateur au monde, ont atteint des volumes importants qu'il fallait “liquider”. Ce qui explique ces grosses prises des GGF. Les narcotrafiquants explorent désormais des pistes au niveau du Sahel pour acheminer la drogue. On soupçonne d'ailleurs l'existence d'une filière qui opère entre le Maroc et le Moyen-Orient en passant par les pays du Sahel. Pour la partie nord de la frontière, les trafiquants utilisent des passeurs à pied pour faire passer de petites quantités. Les passeurs rebroussent chemin dès la vue des GGF. Ce qui fait que les quantités saisies ont baissé. Parallèlement, l'exploration de nouveaux modes d'acheminement ne s'est pas arrêtée. La voie maritime Les trafiquants embarquent leur drogue dans des paquets hermétiquement fermés avant de les larguer. Les vagues font le reste. Ainsi la gendarmerie a saisi durant le 1er semestre de 2008 4 quintaux de kif traité ainsi que 300 grammes de cocaïne sur les plages rejetés par les vagues. Ce mode est incertain quant à l'arrivée à destination de la “marchandise”, mais les auteurs, à moins du flagrant délit, ne risquent pas de se faire prendre. Autre phénomène à prendre de l'ampleur, la culture. En effet, depuis la fin de l'année 2007 le pavot à opium, connu en Asie, fait son apparition à Adrar. La gendarmerie a découvert 34 plantations de cannabis et de pavot d'une superficie de 41 hectares répartis sur 8 communes. Elle a saisi 76 246 pieds de pavot, 8 530 plants de cannabis, 15 grammes d'opium et 103 grammes de graines. Bien avant, des informations avaient fait état d'une possible connexion entre les narcotrafiquants marocains et asiatiques pour un éventuel échange cannabis contre opium. Alors que la connexion avec les narcotrafiquants colombiens a été prouvée. Par ailleurs, à plusieurs reprises, la GN a découvert et saisi des plants de cannabis à Toudja dans la wilaya de Béjaïa. À Béjaïa et Ouargla, il a été saisi 174 576 plants de cannabis. En définitive, le Maroc ne trouvant pas de facilité pour l'acheminement de la drogue vers l'Europe en passant par le traditionnel itinéraire espagnol, a mis le paquet sur Alger et les pays du Sahel. Activité criminelle tant elle contribue par le biais des droits de passage au financement des groupes terroristes opérant dans le Sud. Et dire que le roi continue de s'agiter pour la réouverture de la frontière qui ouvrirait la voie à toutes sortes d'activités délictueuses et criminelles. La preuve, elle est officiellement fermée et les quantités saisies ont triplé en moins d'un an. Qu'en aurait-il été avec l'ouverture ? Djilali B.