L'ouverture du secteur industriel au capital privé a permis à la wilaya de Mila, à l'instar d'autres régions du pays, de se doter d'une assise industrielle qui supplée petit à petit le défaillant secteur public. ? la faveur de cette nouvelle politique, le fronton sud de cette wilaya de l'intérieur du pays, réputé pendant longtemps pour sa vocation agricole, se métamorphose depuis une décennie en pôle industriel, dont la portée dépasse largement les frontières de la région. La zone industrielle (ZI), créée en 1998 au nord de la ville de Chelghoum Laïd, constitue, à ce titre, la concrétisation matérielle de l'une des facettes de la politique de l'?tat dans le domaine de la privatisation, stratégie qui semble avoir atteint ses objectifs consistant en la canalisation du capital privé vers la création d'entités économiques génératrices de richesse et d'emploi. Dans ce sens, le complexe avicole Boussouf constitue un exemple édifiant en matière d'investissement industriel privé dans la région, dans la mesure où il a créé une véritable dynamique économique et d'emploi, malgré toutes les contraintes auxquelles sont confrontés les gérants de cette entreprise. En effet, le complexe avicole en question, avec ses quatre unités de production d'alimentation de bétail et d'accouvage industriel, a permis la création de cent vingt postes d'emploi directs et deux mille autres indirects. Des chiffres qui sont appelés à se développer avec l'entrée en production, vers la fin de l'année en cours, d'une nouvelle unité spécialisée dans la production d'aliments de gros bétail (ovin, bovin et équin). Selon le directeur général de l'Eurl Milaveta (dénomination officielle du complexe avicole Boussouf), le personnel de l'établissement passera de cent vingt employés à cent quatre-vingt en début de l'année prochaine, une prouesse pour ainsi dire si l'on envisage la conjoncture actuelle caractérisée par une récession marquée du marché du travail. Une récente visite effectuée dans l'unité, après l'anodin incendie qui s'est déclaré dernièrement, nous a permis de visualiser de près les capacités de l'entreprise et ses projets, ainsi que les aléas qui la pénalisent. Concernant les deux unités de production d'aliment de bétail (poulet et dinde), elle possède des capacités théoriques de production de l'ordre de quatre tonnes et demie par heure pour la première et douze tonnes par heure pour la deuxième. Toutefois, selon M. Anik, directeur général du complexe avicole, des problèmes ont fait que ces capacités ne soient pas réalisées en raison de continuelles chutes de tension qui affectent régulièrement l'entreprise. “Nous enregistrons des chutes de tension quotidiennes, expliquera M. Anik, chose qui ne nous permet guère d'atteindre notre vitesse de croisière.” Au chapitre des contraintes, notre interlocuteur déplorera également l'absence d'alimentation en gaz, l'inexistence de l'éclairage public et la recrudescence des actes de racket pratiqués par la pègre locale sur la zone industrielle. Aussi, le responsable de ce complexe avicole lance un appel à l'adresse de l'Urba de Constantine qui a la charge de la gestion de la ZI, afin d'améliorer ses prestations, surtout que les frais de gestion et d'entretien de la zone sont particulièrement salés. Le directeur général assure, en effet, que Milaveta débourse plus de quarante-quatre mille dinars par trimestre en guise de frais de gestion. Parallèlement, d'autres créneaux aussi importants que l'accouvage industriel et la distribution de produits vétérinaires font partie des activités du complexe. Il compte, en effet, quatre incubateurs et deux éclosions gérés par des médecins vétérinaires, l'unité possède l'exclusivité des laboratoires américains Ellily et Italien Chimi Ascor. Ce sont pas moins de vingt-deux produits vétérinaires des deux firmes, distribués par Milaveta depuis le mois de mars 2008. Il est à signaler enfin que cette Eurl (entreprise uninominale à responsabilité limitée), qui s'étend sur une superficie de mille huit cents mètres carrés, constitue un gros investissement d'une valeur de soixante milliards de dinars, dont 90% d'apport personnel. K. Bouabdellah