La Géorgie, étouffée par la puissance russe, cherche une solution diplomatique et joue la carte de l'internationalisation du conflit. Washington hausse le ton, Paris cherche à replacer l'UE mais Moscou n'entend pas pour l'instant retirer ses soldats. Bush a affirmé, hier, avoir signifié clairement au Premier ministre russe Vladimir Poutine que la violence en Géorgie était inacceptable. Son vice-président, Dick Cheney, a, quant à lui, assuré le président géorgien que l'agression russe ne devait pas rester sans réponse, et que, si elle continuait, elle aurait de graves conséquences sur ses relations avec les ?tats-Unis, et, plus largement, avec la communauté internationale. Les néo-conservateurs au pouvoir aux ?tats-Unis jusqu'en janvier 2009, accusent la Russie de chercher à faire tomber le régime géorgien pro-occidental et de reconstituer pour ainsi dire l'Union soviétique ! L'ambassadeur américain à l'ONU, Zalmay Khalilzad, a accusé la Russie de vouloir renverser le régime de Saakachvili, en évoquant des commentaires du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui aurait suggéré que le président géorgien devait partir. “Cela est complètement inacceptable et dépasse les bornes”, a déclaré Khalilzad. Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a également accusé la Russie de faire un usage excessif de la force et de violer l'intégrité territoriale de la Géorgie. L'Otan est sérieusement préoccupée par l'usage disproportionné de la force par les Russes et par le manque de respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie, a dit la porte-parole de l'Alliance atlantique, Carmen Romero, qui s'exprimait au nom de Scheffer. L'Otan a ouvert en avril ses portes à une adhésion à terme de la Géorgie, provoquant les protestations de Moscou. Alors que la confusion régnait sur le terrain des hostilités, le président français Nicolas Sarkozy arrive aujourd'hui à Moscou pour une médiation. Il doit rencontrer le président russe Dmitri Medvedev pour tenter de renouer le fil du dialogue, tandis que son chef de la diplomatie, Kouchner était à Tbilissi chez le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, lequel a lancé un appel pour que les ?tats-Unis et l'UE usent de tout leur poids diplomatique, afin de régler le conflit. “Je pense que les ?tats-Unis sont le pays le plus puissant dans le monde, avec beaucoup d'influence, et qu'il y a beaucoup de moyens diplomatiques qui peuvent être utilisés”, a-t-il déclaré à la chaîne de télévision américaine CNN. Se rendant compte de l'engrenage dans lequel il a engagé son pays, Saakachvili a fini par appeler “à trouver des moyens pour un cessez-le-feu immédiat”. Pour le moment, les réunions du Conseil de sécurité de l'ONU n'ont pas permis à leurs membres de s'entendre sur une résolution commune visant à mettre un terme à l'affrontement. La Russie y fait, pour l'heure, opposition grâce au droit de veto dont elle bénéficie en tant que membre permanent. Tandis que Tbilissi a accusé la Russie d'avoir déclenché tôt hier matin des frappes aériennes sur une cible militaire de la banlieue de la capitale géorgienne, Moscou a annoncé l'amorce d'une détente avec le retrait de deux navires de guerre envoyés au large des côtes de la Géorgie, qui ont rallié le port de Novorossiïsk, un peu plus au nord, sur la mer Noire. Plusieurs bâtiments avaient été dépêchés au large de la Géorgie pour empêcher la livraison par mer d'armes à ce pays. Géorgie devait auparavant annoncer de son côté, le retrait quasi complet de ses troupes de l'Ossétie du Sud. “Une partie importante de l'opération visant à forcer les autorités géorgiennes à faire la paix en Ossétie du Sud est conclue”, a dit, pour sa part, le président russe Medvedev. L'Ossétie du Sud est contrôlée par un contingent russe de maintien de la paix renforcé, a ajouté le chef du Kremlin. Le temps des négociations peut s'ouvrir donc. D. B.