En bombardant sa province autonome, Tbilissi a visé deux objectifs : stigmatiser la Chine, grande puissance du troisième millénaire jalousée par l'Occident et mettre en difficulté la Russie qui revient sur la scène mondiale, au grand dam des même Occidentaux. Pour la troisième journée consécutive, de violents combats ont lieu dans la province séparatiste d'Ossétie du Sud en Géorgie. Le président Saakachvili a déclaré son pays en état de guerre, Tbilissi accusant la Russie d'avoir bombardé plusieurs villes sur son territoire. Les combats sont accompagnés de guerre de communiqués. L'armée russe a par ailleurs affirmé avoir libéré Tskhinvali, la capitale que les Géorgiens disaient contrôler. L'armée russe dit participer à une opération visant “à contraindre à la paix et à protéger la population civile”. Des unités de la 76e division aéroportée ont été transférées en Ossétie du Sud, a admis un responsable de troupes terrestres russes Igor Konachenkov, qui a annoncé l'évacuation de blessés ossètes après des bombardements par l'armée géorgienne. Moscou parle de 1600. Tbilissi de son côté joue à l'agressé annonçant avoir repoussé l'invasion russe. Les forces armées géorgiennes contrôlent totalement Tskhinvali et les hauteurs environnantes, assure le Conseil de sécurité géorgien, après “des combats acharnés avec les agresseurs russes”. Le président géorgien, un pro-occidental notoire, a accusé la Russie d'avoir mené des frappes aériennes sur trois bases militaires et des installations stratégiques près de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, par où transite le pétrole à destination de l'Occident. Le pétrole est invoqué comme pour souligner la menace russe de faire jouer la carte des hydrocarbures contre l'Europe. Les bombardements russes ont complètement dévasté le port géorgien de Poti, site-clé pour le transport d'hydrocarbures de la Caspienne, a renchéri le chef de la diplomatie géorgienne, exhortant l'UE et les Etats-Unis à intervenir. Moscou, dont le président Medvedev qui n'a pas assité à l'ouverture des jeux Olympiques, dément. “Nous ne faisons pas la guerre à des villes pacifiques et nous ne menons pas de combats contre la population civile”, a déclaré le représentant du ministère russe de la Défense Anatoli Nogovitsyne, révélant que les forces aériennes géorgiennes ont abattu un nombre total de sept appareils aériens russes. Pour mettre sous pression ses alliés occidentaux, Tbilissi a annoncé le rapatriement de ses troupes en Irak pour prêter main-forte à ses contingents en lutte contre l'agression russe. Le colonel Bondo Maisuradze, chef du contingent géorgien en Irak, a affirmé que ses 2 000 hommes, se préparaient à quitter l'Irak d'ici deux jours et que les Américains ont accepté la requête géorgienne. Quelque 2 000 soldats géorgiens ont été déployés près de Kout et près de Baqouba, la capitale de la province de Diyala, à 70 km au nord-est de Bagdad, une des régions réputées les plus dangereuses d'Irak et où Al-Qaïda est particulièrement implantée. Des soldats géorgiens sont également présents dans la zone verte, le secteur ultra-fortifié de Bagdad qui accueille l'ambassade des Etats-Unis. La réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur l'escalade du conflit a, de son côté, été suspendue vendredi jusqu'à hier sans accord sur un document, a annoncé le président du Conseil de sécurité. La Russie menaçant d'exercer son droit de veto. L'UE poursuit également ses consultations internationales sur le conflit, axant ses efforts sur l'OSCE, le cadre européen dont fait partie la Russie, afin “d'aider à trouver une solution de sortie pacifique à la crise”. La situation a dégénéré en un quart de tour et est devenue profondément préoccupante. 30 000 réfugiés ont fui l'Ossétie du Sud depuis le début de la nouvelle guerre du Caucase. C'est la pire des crises depuis 1992 lorsque la province a gagné de facto son indépendance dans une guerre contre la Géorgie. Les Russes assuraient le maintien de la paix l'enclave mais la Géorgie affirme qu'ils servent la cause des séparatistes. La Géorgie, qui se situe au bord de la mer Noire, entre la Turquie et la Russie, a irrité Moscou en cherchant à adhérer à l'Otan, ce qui affaiblirait l'influence de Moscou dans la région. D. B.