Washington et Tbilissi reprochent à Moscou de retirer ses troupes à la vitesse d'un escargot. L'armée russe devait achever son retrait de Géorgie hier soir, alors que Washington dénonçait la lenteur des mouvements de troupes et que le Conseil de sécurité de l'ONU était dans l'impasse pour adopter une résolution sur le conflit russo-géorgien. Selon Moscou, les troupes doivent être revenues du territoire géorgien vendredi (hier) dans la soirée, et selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, seuls 500 soldats russes seront maintenus dans huit postes dans une zone tampon autour de l'Ossétie du Sud. Des forces russes de maintien de la paix resteront aussi en Ossétie du Sud et en Abkhazie. Mais hier matin, Tbilissi et Washington mettaient en doute la volonté de la Russie de rappeler son armée, entrée en Géorgie après une vaste contre-offensive visant les forces géorgiennes qui la nuit du 7 au 8 août ont cherché à reprendre le contrôle de la région séparatiste d'Ossétie du Sud. «Selon mes informations, si (les Russes) bougent, c'est à la vitesse d'un escargot. C'est trop peu et beaucoup trop lent», a déclaré à Tbilissi le général John Craddock, chef du commandement européen de l'armée américaine et commandant opérationnel de l'Otan en Europe. Les autorités géorgiennes ont fait le même constat. «Pour l'instant, nous ne voyons toujours pas de signes d'un retrait des forces russes», a affirmé le porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur, Chota Outiachvili. Renforçant encore le pessimisme géorgien, le général commandant les forces russes dans la zone du conflit, Vladimir Boldyrev, a dit jeudi, selon l'agence Interfax, que le repli complet en territoire russe des troupes russes, hors soldats de maintien de la paix, ne serait achevé que dans dix jours. Le président américain George Bush a, lui, appelé Moscou à mettre fin à «l'état de siège en Géorgie», et la Maison-Blanche a estimé que la coopération militaire Russie-Otan ne reprendrait pas avant que la crise en Géorgie ne soit «résolue». Sur le front diplomatique, les grandes puissances ont été incapables de trouver un accord au Conseil de sécurité de l'ONU, où deux projets de résolutions concurrents circulent, l'un rédigé par Moscou, l'autre par Paris, la France ayant négocié l'accord de cessez-le-feu russo-géorgien. La Russie reproche au texte français de ne contenir que deux des six points de l'accord d'arrêt des hostilités (repli des forces russes et géorgiennes sur leurs positions avant le conflit) et d'appeler au retrait «immédiat» des troupes russes de Géorgie. Les Occidentaux ne veulent pas du texte proposé par Moscou, qui rappelle les six point du cessez-le-feu mais sans réaffirmer sans ambiguïté le respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie. Ce point paraît d'autant plus important que les deux territoires séparatistes pro-russes de Géorgie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, ont officiellement demandé à Moscou jeudi de reconnaître leur indépendance. Sur le terrain, vendredi matin, les troupes russes étaient encore bien présentes sur la route reliant Gori, ville stratégique coupée du reste de la Géorgie, ainsi que dans l'ouest du pays.