L'Argentine, grâce à un Agüero décisif et un Messi de feu, a écrasé 3-0 un Brésil méconnaissable hier à Pékin, et s'est qualifiée pour la finale du tournoi, préservant ainsi ses chances de glaner une deuxième médaille d'or olympique consécutive après celle d'Athènes en 2004. L'Albiceleste rencontrera le Nigeria en finale, samedi au Nid d'oiseau de Pékin. La Seleçao jouera pour le bronze, vendredi à Shanghaï et voit s'échapper une nouvelle fois son espoir de combler cette lacune olympique dans son palmarès. Le Brésil s'en remettra à ses dames, qualifiées, elles, pour la finale du tournoi, jeudi. On attendait Messi et Ronaldinho : à l'applaudimètre, les deux anciens camarades de jongles à Barcelone se détachaient d'ailleurs d'emblée. L'Argentin se montrait plus mobile, créant le danger à chacune de ses touches de balle saluées par des clameurs. Le Brésilien, au contraire, ralentissait souvent le jeu et restait cantonné à sa zone, sur la gauche derrière Rafael Sobis. On attendait Messi et Ronaldinho, mais c'est Agüero qui fut au rendez-vous. Il avait jusque-là été aussi maladroit que malchanceux devant le but, et seul un infamant zéro remplissait jusque-là son compteur buts dans le tournoi. La présence en tribune de son beau-père en puissance Diego Maradona et ses conseils d'expert auraient-ils lustré sa bonne étoile ? Toujours est-il qu'Agüero a prolongé le rêve argentin de doublé olympique en inscrivant un, de doublé, typique d'un avant-centre. 53' centre-tir tendu de Di Maria qu'Agüero détourne dans le but comme au billard. De la poitrine ou du ventre ? En fait du bras gauche, comme le montre le ralenti. Cinq minutes plus tard seulement : l'attaquant de l'Atletico récidive en déviant à peine un autre centre-tir de Zabaleta, monté sur son aile droite (58). La domination tournait à la correction lorsque le même Kun (son surnom inspiré d'un personnage de dessin animé et inscrit sur son maillot) obtenait un penalty. Riquelme, capitaine sobre mais présent, transformait (76'). Agüero avait pourtant raté l'immanquable dans les six mètres et le premier quart d'heure du match, son crochet était parfait pour éliminer son défenseur, mais la frappe moins, rasant l'extérieur du poteau (13'). Les Argentins ont été récompensés de leur agressivité, pressant leurs adversaires aux problèmes de relance criants. Les tentatives solitaires de Rafael Sobis étaient méritoires, mais l'attaquant manquait de soutien — entre un Ronnie dont le seul éclat fut un coup franc sur le poteau (65'), et un Diego étouffé par la barrière Gago-Mascherano. Trois buts encaissés ? Le cauchemar brésilien devait virer au rouge, couleur du carton brandi par l'arbitre pour Lucas et Thiago Neves, tout juste rentré en jeu, dans les dix dernières minutes. Les “jiayou Brazil !” (allez !) avaient peut-être rivalisé avec les “Ar-gen-tina !” dans le public, le ballon avait choisi son camp.