La simultanéité des sorties publiques de responsables de parti ayant du poids sur l'échiquier politique national suscite légitimement bien des interrogations. Le bal des candidatures à la présidentielle d'avril 2009 semble avoir été ouvert ce week-end. Le premier homme politique à exprimer publiquement son intention de prendre part aux joutes électorales d'avril 2009 est le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati même si, notamment depuis les bons résultats réalisés par sa formation aux élections législatives et locales de mai et novembre 2007, il s'est senti pousser des ailes en ne faisant guère mystère de son ambition de briguer la magistrature suprême. En effet, lors d'une conférence de presse animée vendredi à Tipasa, en marge de la réunion du conseil national de son parti, M. Touati a soutenu que le FNA présentera son propre candidat à la présidentielle d'avril 2009. Il a aussi exprimé son refus de voir son parti devenir un comité de soutien à Bouteflika et écarte toute alliance avec aucun parti politique. Certes, pour respecter les formes, il a affirmé que la décision de candidature sera entérinée officiellement par les instances du parti au moment opportun. Le Front de libération nationale (FLN) compte, lui aussi, éclaircir davantage sa position sur la présidentielle d'avril 2009. Abderrahmane Belayat, responsable influent du l'ex-parti unique, a soutenu, lors d'une conférence de presse animée hier à Hydra (Alger), que “le secrétaire général du parti annoncera dimanche la position du FLN sur la prochaine présidentielle”, rapporte un journal arabophone. M. Belayat a, en outre, indiqué que, dans son discours d'ouverture et de clôture de l'université d'été du parti, qui se tiendra dimanche et lundi à l'université Saâd-Dahleb de Blida, le secrétaire général de cette formation, Abdelaziz Belkhadem, va livrer “des messages politiques d'orientation” pour définir les actions à entamer à l'avenir en prévision de la présidentielle. Le leader du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abou Djerra Soltani, semble également tenté par la participation à la course. Faisant une lecture de la prestation faite par Soltani à l'ouverture de l'université d'été de son parti jeudi à Blida, un quotidien national a soutenu que le leader islamiste a tenu un discours de candidat en campagne pour la présidentielle. La simultanéité des sorties publiques de responsables de parti politique, ayant du poids sur l'échiquier politique national, suscite légitimement bien des interrogations. De nouveaux développements ne se sont-ils pas fait jour ces derniers temps en haut lieu ? Ce questionnement s'impose d'autant plus que, jusqu'ici, l'ambition prêtée à Bouteflika de vouloir rester à la tête de l'état a poussé des candidats potentiels, notamment ceux réputés proches du système, à ronger leurs freins. Peu édifiés sur les véritables intentions du chef de l'état, ils ont préféré adopter jusque-là une position de wait and see en restant à l'affût de signes probants pour se lancer ou non dans la course. Il se trouve que le chef de l'état tarde à procéder à une révision constitutionnelle qui tordra le cou à l'article 76 de la loi fondamentale limitant le mandat présidentiel à deux pour pouvoir briguer un troisième mandat, alors qu'il en avait fait l'annonce en juillet 2006. Et lors de la réunion avec les maires le 26 juillet dernier à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, Bouteflika a surpris plus d'un en se tirant carrément une balle dans le pied. “Nous nous sommes trompés. Nous nous sommes rendu compte que nous avons fait fausse route”, a-t-il alors concédé. Ces faits, ajoutés au déconcertant silence de Bouteflika après les derniers attentats terroristes des Issers et de Bouira ayant suscité un formidable mouvement de réprobation tant national qu'international, ont amené bien des observateurs à prêter au président de la République une volonté supposée de décrocher les crampons. Il n'est pas exclu, en outre, que les sorties des hommes politiques cités plus haut sont suscitées pour donner de l'eau à la bouche de candidats qui rechignent encore à se lancer. S'il compte se représenter, le président de la République ne peut pas objectivement courir le risque de se retrouver seul le jour J, au risque de décrédibiliser sa réélection. Dans un cas comme dans l'autre, les autorités n'ont plus beaucoup de temps pour en finir avec le flou qui plane encore sur l'importante échéance politique d'avril 2009. Six mois à peine nous en séparent. Arab Chih