Ce n'est ni la corruption et encore moins le front social qui bouillonne depuis plusieurs mois qui sont à l'origine de ce tapage médiatique. Quelle mouche a piqué les partis politiques? Après avoir déserté l'échiquier national, les partis se réveillent en force. Des rencontres et des meetings ont été au programme de ce week-end, un peu partout à travers le pays. Des partis de la coalition, de l'opposition et même les partis «minuscules» sont sortis du tiroir. Le Rassemblement national démocratique (RND) a organisé hier une rencontre régionale à Béjaïa. Le Mouvement de la société pour la paix est lui aussi sur le devant de la scène. Le président Bouguerra Soltani, qui a réuni ses militants vendredi dernier, à Alger, a appelé à «détailler» les priorités pour que «la voie soit claire au service de la société». Voulant marquer l'actualité, le successeur de feu Nahnah a même animé une conférence de presse où il s'est exprimé sur plusieurs questions. Le Front de libération nationale, quant à lui, convoque aujourd'hui son comité central à une première réunion. Le secrétaire général animera demain une conférence de presse au siège du parti. A l'instar de la coalition, les autres courants sont aussi présents. Le Parti des travailleurs, bien que le moins absent sur la scène, est passé à la vitesse supérieure. Sa secrétaire générale, Mme Louisa Hanoune, s'est déplacée, hier, à Tizi Ouzou et à Bouira où elle a animé deux meetings. Le parti En Nahda, qui a déserté le terrain politique vient lui aussi d'émerger. Son secrétaire général, Fateh Rebaï, a animé vendredi dernier un meeting à Médéa où il a appelé la nation arabe à une position commune, claire et sans ambiguïté, face aux visées expansionnistes d'Israël et au refus de toute concession qui irait à l'encontre des intérêts de la cause palestinienne. Ainsi, ce week-end a été riche sur le plan politique toutes tendances confondues. Figée depuis plusieurs mois, la scène politique a repris ce week-end son souffle. Or, pourquoi ces sorties médiatiques et maintenant? La raison est loin d'être liée à la situation du pays. Ce n'est ni la corruption et au moins le front social qui bouillonne depuis plusieurs mois qui sont à l'origine de ce mouvement. Bien au contraire, malgré les scandales qui continuent à défrayer la chronique, les partis se contentent du rôle de spectateurs. Aucun n'a pris la peine de demander la constitution d'une commission d'enquête ou d'interpeller les secteurs concernés à rendre des comptes. Ils font semblant de dénoncer ces pratiques sans pour autant aller au fond des choses. Si l'on tient compte de la conjoncture actuelle, cette impulsion est loin d'être fortuite. Le changement attendu au niveau supérieur serait à l'origine de cette agitation. Car l'enjeu est là. Un poste au sein du gouvernement vaut bien la chandelle pour les partis. C'est pourquoi ce remue-ménage dans l'espoir de décrocher quelques portefeuilles ministériels. Le patron du MSP n'a pas caché ses intentions, d'ailleurs. «J'ai sollicité le poste de Premier ministre», a avoué en public M.Bouguerra, lors d'une conférence de presse de vendredi. «Qui vous dit que je n'ai pas adressé cette requête au Président Bouteflika?», a-t-il indiqué à la presse après avoir été interrogé sur cette anomalie. Le MSP, qui fait partie de l'Alliance présidentielle, réclame à son tour le droit de présider la chefferie du gouvernement. Un poste réservé, jusque-là spécialement au FLN et au RND. Le RND qui détient les rênes de l'Exécutif tente de son côté d'élargir son cercle pour renforcer son poids et se mettre sur un pied d'égalité que son rival du FLN. Le vieux parti ne cède pas. Etant la première force politique sur l'échiquier national, le FLN veut à tout prix récupérer les commandes du gouvernement, qui lui échappent depuis plus de deux ans. Quant aux autres partis, qui sont en dehors de ce cercle, ils tentent de faire du bruit pour faire entendre leurs voix et décrocher de nouveaux acquis. Les partis activent pour s'assurer un bonus dans la prochaine configuration des institutions politiques.