Le groupe de Droukdel n'est pas près de dévier de ses objectifs stratégiques dont le principal reste l'instauration d'une république théocratique. Et s'il a consenti, par calcul sans doute, mais incommodé aussi, à tenter de “se laver” de l'affront des Issers. Dix jours après l'attentat, qui a ciblé l'Ecole de gendarmerie des Issers, à l'est d'Alger et qui avait fait 43 morts et 38 blessés parmi des jeunes gens dont l'unique tort sans doute était d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment, un accrochage entre des militaires et des terroristes, dont le nombre est estimé à une quarantaine d'individus, a eu lieu cette fin de semaine à la sortie nord de Batna. Bilan de l'opération : cinq militaires et deux gardes communaux tués. Même si, pour l'heure, aucune revendication n'est enregistrée, tout porte à croire que cette opération porte la griffe d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, “succursale du syndicat international du crime” labellisé Oussama Ben Laden. Il y a une semaine, pourtant, un représentant de cette organisation, dans un enregistrement sonore diffusé par la chaîne qatarie Al-Jazeera, tentait de justifier cyniquement les attentats perpétrés ces dernières semaines. Désignée sous le titre d'“expédition de vengeance”, la série d'attentats était présentée comme étant une réponse à l'élimination d'un groupe de terroristes dans la région de Béni Douala, près de Tizi Ouzou, quelques jours plus tôt. Si tel était le cas, comment alors expliquer l'opération de ce mercredi à Batna ? À vrai dire, le groupe de Droukdel n'est pas près de dévier de ses objectifs stratégiques dont le principal reste l'instauration d'une république théocratique. Et s'il a consenti, par calcul sans doute, mais incommodé aussi, à tenter de “se laver” de l'affront des Issers pour avoir ciblé essentiellement des civils innocents, c'est parce que le forfait a provoqué une condamnation unanime et sans précédent de la communauté internationale qui a mis l'ex-GSPC au banc des accusés. Même la lointaine Ouganda s'est associée à la chaîne de solidarité à l'endroit du peuple algérien. Non, le terrorisme ne change pas de nature. Ni de méthode. C'est pourquoi la lutte contre ce fléau ne doit souffrir ni d'ambiguïté, encore moins de tergiversations. Outre une lutte implacable en aval, un travail en amont est plus que nécessaire. C'est le seul gage d'une victoire. K. K.