Les moyens humains restent insuffisants ; seulement 190 agents sont déployés durant le mois de Ramadhan pour contrôler les pratiques commerciales dans toute la wilaya d'Alger. Au cours du débat lors du Conseil des ministres de dimanche dernier, afin de protéger le pouvoir d'achat des ménages, le chef de l'Etat a appelé les services de contrôle de l'Etat à se mobiliser durant le mois de Ramadhan pour lutter contre les infractions et fraudes commerciales, contre les pratiques spéculatives, ayant tendance à se généraliser au cours de cette période vœu pieux ? Force est de constater au second jour du mois de jeûne, que les pouvoirs publics ne sont pas près techniquement à maîtriser le marché. D'abord, les moyens humains restent insuffisants. Les services de contrôle du commerce vont seulement déployer 190 agents pour toute la wilaya d'Alger où se concentre une grande partie de l'activité commerciale du pays, a reconnu un responsable. Ensuite, l'Etat est loin de maîtriser le marché de distribution des fruits et légumes : 60% de ce commerce échappe au circuit officiel. Bien que le constat ait été dressé depuis de longues années, on n'identifie pas tous les intervenants dans la distribution de ces produits. Le circuit du producteur au grossiste, puis au détaillant est parasité par nombre d'intervenants anonymes. Puis fautes d'espaces organisés en nombre suffisant, le chantier accusant un grand retard, l'informel continue à dominer le marché, son activité n'ayant pu être légalisée. En résumé, l'Etat n'arrivant pas à maîtriser la chaîne du commerce intérieur, il ne parvient pas du coup à protéger le pouvoir d'achat des ménages. Il ne faut pas s'étonner dès lors que les infractions telles que les ventes en plusieurs mains, les transactions sans facture, le manque d'hygiène, les fraudes sur la qualité et le poids, l'introduction de produits non conformes sur le marché, prolifèrent au cours de la période. Ces pratiques ont pour effet, en d'autres termes, de rogner sur le pouvoir d'achat des citoyens et risquent de porter atteinte à la santé des consommateurs. En matière de conformité des produits, l'Etat ne dispose pas encore de laboratoires d'essais permettant d'empêcher l'introduction sur le marché de biens de mauvaise qualité, ne répondant pas aux normes. Enfin, on est loin de disposer de réseaux de distribution modernes, fluides, susceptibles d'amortir les hausses des prix. L'état d'organisation du commerce intérieur montre le degré de sous-développement du pays en la matière. Les pouvoirs publics ont fait pendant longtemps du chichi lorsqu'il s'est agi de doter les services de contrôle de moyens humains, matériels, de développer les marchés de gros et de détail. Dans le plan de relance bis, les ressources financières affectées pour les infrastructures commerciales et la modernisation des services de contrôle restent insuffisantes. Il faut voir dans cette désorganisation du marché intérieur l'une des raisons des flambées des prix et de la persistance des pratiques spéculatives à large échelle. N. Ryad