On enregistre de nouveau une très insuffisante maîtrise par l'Etat des circuits de distribution. L'appel du président Bouteflika exigeant des services de contrôle de lutter contre la flambée des prix n'a pas eu d'effet. Au 16e jour du mois de Ramadhan, la fièvre des prix des produits de large consommation ne s'est pas apaisée. Le kilogramme de tomate peut dépasser les 60 dinars, la salade frise les 100 dinars, la viande ovine à 800-900 dinars. Le prix d'un poulet moyen dépasse les 500 dinars. Un kilogramme de fruits dépasse les 100 dinars (poire, pêche, raisin, pomme …). Les bourses petites et moyennes ont été ainsi mises à rude épreuve à mi-parcours, résultat de la quasi-absence des services de contrôle sur le terrain et de la très insuffisante maîtrise par l'Etat des circuits de distribution. Il est anormal que le prix de la pomme de terre ait connu une hausse de 10 à 20% ; elle est cédée à 50-55 dinars alors que son prix ne devrait pas dépasser les 35 dinars. Le système de régulation Syrlapac, s'il a freiné la hausse des prix de la pomme de terre, n'a pas empêché que ce produit très prisé par les consommateurs algériens ait atteint un seuil de prix intolérable. Ce système a ainsi montré ses limites en l'absence de maîtrise de la chaîne du commerce intérieur. Ainsi, concernant ce volet, les Ramadhans se suivent et se ressemblent. Les ménages subissent une véritable érosion de leur pouvoir d'achat, sans que les pouvoirs publics interviennent, d'autant que ces dernières années la période coïncide avec la rentrée scolaire. En résumé, il faut un minimum de 25 000 à 30 000 dinars minimum en moyenne uniquement pour l'alimentation durant ce mois. Il faudra également couvrir les dépenses liées à la rentrée scolaire et à la fête de l'Aïd. Au total, la plupart des Algériens ont été soumis à une véritable “gymnastique budgétaire” sans susciter de réaction des services de l'Etat censés protéger le pouvoir d'achat des citoyens. Hausse de 10 à 20% des prix de la pomme de terre Pouquoi le marché est-il si désorganisé, les ménages à la merci des spéculateurs et des pratiques illégales d'une partie des commerçants ? Il faut savoir que la question de la protection du pouvoir d'achat à travers un assainissement et une meilleure organisation du marché intérieur n'a pas été la priorité des pouvoirs publics. En deux mandats du chef de l'Etat, le bilan est loin d'être positif dans ce domaine : l'Etat n'a pas assez investi dans la réalisation de véritables marchés de gros et de détail, en nombre insuffisant aujourd'hui. Du coup, une bonne partie du commerce des fruits et légumes, de la viande échappe au contrôle de l'Etat. Ce n'est qu'au cours du second plan quinquennal 2010-2014 que l'Etat compte prendre les taureaux par les cornes en accordant plus de moyens financiers, humains et matériels aux services du ministère du Commerce. Sur le terrain, les mesures préconisées depuis plus de dix ans n'ont pas été mises en œuvre : une identification des intervenants dans le commerce des fruits et légumes ainsi que de la viande, une légalisation de l'informel à travers l'octroi d'espaces dans les marchés, la réalisation de nouveaux marchés dans chaque commune, des investissements dans les chaîne de froid et le stockage, dans la réalisation d'abattoirs modernes, la sensibilisation des commerçants sur le respect des règles d'hygiène, de présentation des produits, et des ménages sur les comportements rationnels de consommation, la constitution de véritables associations de consommateurs. Pour la viande, le défi est une augmentation de l'offre pour influer sur les prix. Dans ce dossier, la maîtrise des circuits de distribution constitue le nerf de la guerre. Il convient de multiplier les points de vente sur le territoire national afin de “casser les pratiques spéculatives”. En attendant un système de distribution plus moderne, avec l'émergence d'un nombre important d'hypermarchés. Le système Syrlapac devrait également gagner en efficacité. Enfin, les contribuables attendent une présence des services de contrôle dans les marchés et autres espaces commerçants ainsi qu'une plus grande coordination entre les services du commerce et la police ou la gendarmerie pour lutter contre les pratiques illégales et la spéculation. Aujourd'hui, les jeux sont faits. Encore une fois, un rude coup a été porté au pouvoir d'achat de la majorité de la population. Ce n'est pas une hausse de 3 000 dinars ou 7 000 dinars du Snmg qui va régler les choses. Alors que l'Etat s'est enrichi, la population finalement s'est appauvrie. Voici la triste réalité de ce Ramadhan 2009. Espérons que le match de ce soir redonnera le sourire et la joie même si ce n'est que pour une courte durée à des millions d'Algériens éprouvés par ce silence coupable, les hésitations et le laxisme des plus hautes sphères du pouvoir.