Les représentants de la défense et de la partie civile ont fait appel à des consultants pour examiner la situation politique en Algérie. Les auditions, portant sur l'examen de la demande d'extradition de Rafik Abdelmoumen Khelifa vers l'Algérie, sont entrées, hier, dans une nouvelle phase. Lors d'une énième audience, tenue au tribunal de Westminster à Londres, les représentants de la défense et de la partie civile ont révélé avoir fait appel à des consultants pour expertiser la situation politique en Algérie. Ben Brondan, un des deux avocats de l'ex-golden boy, a fait savoir au juge Timothy Workman que quatre experts deux Anglais, un Américain et un avocat algérien ont été sollicités. L'intention de la défense consiste à prouver que son client est victime d'une conspiration politique. Pour infirmer cette allégation, la partie civile a commandé une contre-expertise qui sera élaborée par des auteurs algériens. S'exprimant devant le tribunal au nom de l'Etat algérien, Me Julian Nowls a affirmé qu'un délai minimum de deux mois est indispensable pour la préparation des documents et leur traduction en anglais. Une période similaire est envisagée par son collègue Me Brandon. Un peu plus d'une demi-heure a été consacrée au chapitre des expertises, en l'absence du principal intéressé. Moumen Khelifa est arrivé en retard à l'audience, faisant son apparition lors du déroulement de l'ultime bataille sur le contenu du dossier d'accusation. Répondant aux réserves exprimées par son adversaire, lors des audiences précédentes, Me Nowles a affirmé que les preuves sont axées en ce qui concerne l'irrégularité du montage financier et ayant permis la création de KAG Pharma et d'El Khalifa Bank, la fraude ayant distingué la gestion de cette dernière ainsi que les transferts illicites de fonds à l'étranger. Selon l'avocat, la défense de Khelifa n'a pas le droit de se prononcer sur la qualité des rapports d'expertise relatifs à la banqueroute d'El Khalifa Bank. À son avis, cette prérogative est du ressort exclusif du tribunal. Après un peu moins de deux heures de débat, le juge a levé la séance en fixant la date de la prochaine audience au 21 juillet. Une autre séance pourrait être programmée le 19 août. Il est à noter que la défense a introduit une nouvelle demande de mise en liberté provisoire en faveur de Khelifa. Cette audience est la huitième depuis le début des auditions le 11 mars dernier. Les trois premières séances étaient procéduriales. Elles étaient réservées à l'examen de l'exactitude de la forme de la demande d'extradition. Après la validation de la requête par le juge Workman, la défense de Khelifa avait introduit une demande de liberté provisoire, qui n'a pas été satisfaite par le tribunal. L'ex-milliardaire avait lui-même émis le vœu de quitter sa cellule de prison, se plaignant de la longueur de sa mise en détention. La bataille autour de la régularité du fond de la demande de transfert transmise par la justice algérienne à son homologue britannique a commencé le 30 mai. Julian Nowles s'est contenté de lire devant le tribunal le contenu du dossier d'accusation, mettant l'accent sur la saga, jalonnée de faux pas et de mauvaises intentions de l'ex-golden boy. Les montages financiers douteux, la gestion scabreuse de la banque, les détournements, dont une partie à travers le transfert de fonds à l'étranger et les transactions équivoques, ont été au centre de sa plaidoirie. Dans sa contre-offensive, Ben Branden s'est obstiné à vider la requête d'extradition de sa substance, en remettant en cause les rapports d'experts incriminant Khelifa, en dénonçant l'absence de preuves tangibles contre lui et en critiquant la qualité de la traduction de l'ensemble des documents de l'arabe et du français à l'anglais. À la fin de la dernière audience, le juge a demandé à la défense de la partie algérienne de fournir au tribunal des documents supplémentaires. Certaines sources assurent que les auditions risquent de se prolonger. L'année dernière, il n'a pas fallu plus de quelques séances à un autre magistrat britannique pour donner son feu vert au transfert de Moumen Khelifa en France, à la demande d'un tribunal parisien, et ce, suite à l'ouverture d'une information judiciaire relative à la faillite frauduleuse des filiales du groupe de l'ex-milliardaire, domiciliées en Hexagone. S. K.-L.