Il ne faut pas se leurrer : la pauvreté gagne de plus en plus les foyers et montre son visage durant le mois de Ramadhan. Le couffin du Ramadhan, assimilé par beaucoup d'Algériens à “l'humiliation” et à une sorte de “conditionnement à l'état de mineur”, voire à “l'état de sujet”, n'est qu'un palliatif à la détresse sociale. D'aucuns le voient comme un signe d'échec de l'Etat dont la “mission est de proposer des solutions durables” et attestent que “la lutte contre la pauvreté passe par une distribution équitable des richesses”. D'autres, en revanche, attestent que parler de couffins du Ramadhan et d'aide aux nécessiteux est en soi “une flagrante indécence” pour un pays qui n'a jamais autant engrangé des pétrodollars. Les préoccupations du ministre de la Solidarité semblent ailleurs, lorsqu'il déclare que “le rush sur les couffins de Ramadhan donne une image déformée des efforts de l'Etat en matière de solidarité”, ou encore quand il se met à polémiquer autour du nombre de pauvres en Algérie. En février dernier, Ould Abbès évalue le taux de pauvreté à 5%. “Le taux de pauvreté en Algérie est passé de 12,8% en 2000 à 5% actuellement”, déclare-t-il. C'est loin de correspondre aux estimations du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et de la Banque mondiale qui, eux, pensent que plus de 20% de la population, soit plus de 6,5 millions d'Algériens vivent en dessous du seuil de la pauvreté, et gagnent moins de 2 dollars par jour, malgré l'embellie financière (plus de 80 milliards de dollars de revenus pétroliers prévus en fin d'année). Le même ministre affirmait, en 2005, qu'en Algérie, “il n'existe pas de pauvres, mais des nécessiteux”. L'année suivante, il récidivait en soutenant cette fois que la pauvreté était “éradiquée en Algérie”. H. A.