Le président sud-africain Thabo Mbeki a réuni au Zimbabwe son homologue zimbabwéen Robert Mugabe et les leaders de l'opposition pour tenter de débloquer les négociations sur un partage du pouvoir, dans l'impasse depuis mi-août, et arracher un accord cette semaine. Les protagonistes se sont dit confiants de parvenir à un accord au plus tard aujourd'hui, après le nouveau premier round. Le président Mugabe, quant à lui, devait déclarer qu'il n'y avait pas encore d'accord mais que “nous avançons, nous ne reculons pas”. Le leader de l'opposition, Morgan Tsvangirai (MDC), n'a, par contre, pas fait de déclarations. “Les négociations sont toujours en cours, nous essayons de trouver des zones de consensus”, s'est contenté d'indiquer son porte-parole Nelson Chamisa, qui espère finaliser le processus. Mugabe et Tsvangirai, ainsi qu'un chef d'une faction dissidente du MDC, Arthur Mutambara, se sont rencontrés lundi pour la première fois depuis la suspension des négociations à Harare le 12 août. Ils avaient revu séparément le médiateur Mbeki le 29 août à Pretoria mais quelques jours plus tard, la situation s'était dégradée : le président Mugabe avait menacé de former prochainement un gouvernement si le leader de l'opposition ne signait pas un accord ce même jour. Le MDC avait dénoncé cet ultimatum et Tsvangirai avait estimé que les négociations pour parvenir à un accord sur un gouvernement d'union étaient dans l'impasse, le chef de l'Etat voulant garder le contrôle des forces de sécurité. Il a alors fait appel au pompier Mbeki, le médiateur de la crise du Zimbabwe depuis plus d'un an, pour faire pression sur Mugabe et le persuader d'abandonner sa position intransigeante. Sans l'Afrique du Sud, Mugabe n'aurait pas eu cette attitude puisqu'au sein du SADC, il n'y a que Mbeki à le soutenir fermement. Depuis la victoire historique du MDC aux élections générales fin mars, le pays, plongé dans une crise politique sans précédent, s'enfonce également dans un marasme économique. L'hyperinflation, officiellement de plus de 11 millions pour cent, vide l'économie de toute substance : la production est au point mort et des millions de Zimbabwéens souffrent de la faim. Et le président sud-africain n'arrête pas de multiplier des efforts pour mener à terme le dialogue inter-zimbabwéen. Il avait présenté durant ces négociations un accord stipulant que Tsvangirai deviendrait Premier ministre et Mugabe garderait la présidence. Mais chaque camp exige le contrôle de l'exécutif, jusqu'à présent entièrement aux mains du président Mugabe, réélu fin juin lors d'un scrutin très contesté et boycotté par l'opposition en raison des violences à l'encontre de ses partisans. Par ailleurs, face au blocage, Tsvangirai menace d'appeler à de nouvelles élections. “Si les problèmes autour de la présidence persistent, alors nous appelons à des élections nationales sous l'égide de la communauté internationale”, ajoutant : “Tant que je ne recevrai pas suffisamment de pouvoir, je ne signerai pas.” Dialogue de sourds. D. B.