De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Le mois de Ramadhan approche à grands pas et l'angoisse prend le simple citoyen à la gorge, non seulement à cause de la menace des attentats terroristes qui deviennent de plus en plus fréquents ces derniers temps, mais aussi en raison de la flambée des prix des produits de large consommation que connaît notre pays à chaque Ramadhan. Cette hausse a déjà commencé, et de façon fulgurante, pour certains produits très prisés durant ce mois «religieux» que beaucoup ont vidé de sa substance originelle, pour des raisons de cupidité et d'anarchie. Comme si la crise socioéconomique dans laquelle ils baignent depuis plusieurs années n'était pas suffisante, on impose aux citoyens, particulièrement les plus démunis, une flambée des prix qui n'ont aucune base commerciale et toujours au moment où ils sont astreints à plus de dépenses. Même la salade verte «a laissé pousser des cornes», atteignant, elle aussi, les cimes de la mercuriale. En effet, cette herbe a connu une augmentation de plus de 100% en quelques petites semaines, frôlant les 100 dinars le kilogramme. Dans le circuit, on ose même expliquer cela par la période des fêtes qui connaît une grande consommation de salade verte. Comme si la commercialisation de la salade est tributaire du nombre de mariages. Cette explication a été donnée par un commerçant qui affirme ne pas croire à l'idée de rétention de la marchandise en vue de provoquer la flambée des prix des produits de grande consommation, notamment à l'occasion de l'arrivée du mois de Ramadhan. Des grossistes, ou tout autre élément du circuit commercial, font-ils dans le stockage des produits en vue d'organiser la pénurie et justifier la flambée des prix des produits stockés ? Vu la cupidité de certains d'entre eux, il ne serait pas étonnant que cette assertion soit véridique, mais un simple citoyen n'a aucun moyen de mener une enquête sans l'aide des services de la répression des fraudes, lesquels semblent dépassés par les événements, puisque, incapables d'empêcher cette flambée des prix, qui, pourtant, s'annonce comme dans un calendrier officiel. De toute façon, cette histoire de rétention de marchandises pour organiser la pénurie, aucun commerçant interrogé à Tizi Ouzou n'y croit, même si d'aucuns parmi les citoyens sont convaincus qu'il y a forcément spéculation sur les produits alimentaires dès que le mois de Ramadhan approche. «Non, je ne pense pas qu'on stocke les produits pour augmenter leur prix, du moins en ce qui concerne les fruits et légumes», dit avec assurance un marchand du centre-ville, estimant que c'est la faiblesse de la production qui provoque la hausse des prix. Beaucoup de ses «confrères» disent la même chose : «Ce genre de magouilles ne peut s'appliquer sur les fruits et légumes.» Un autre commerçant de la ville des Genêts, s'il partage l'avis du marchand de légumes, n'en croit pas moins que d'autres produits peuvent faire l'objet de spéculations, comme les œufs dont le coût a fait, en quelques semaines, un bond de plus de 40%, passant de 170 à 240 dinars la trentaine. En l'absence d'une enquête approfondie sur le terrain par les services concernés, on ne peut évoquer cette question avec certitude. Ce qui est indéniable pour le simple citoyen : il se fera dépouiller à l'occasion de ce mois de Ramadhan, comme tous les mois sacrés qui l'ont précédé.