Hauts comme trois pommes, du talent à en revendre et une prestation de haute facture : les enfants de Tizi Ouzou, qui ont représenté l'Algérie à la 9e phase finale de la Danone Nations Cup, la plus grande compétition internationale de football des enfants de 10 à 12 ans, samedi et dimanche, au stade mythique du Parc-des-Princes, ont brillé de mille feux sous le ciel parisien, empli de nuages. Les mômes venus de Kabylie ont réussi des prouesses là où leurs aînés essayent vainement d'y figurer, voilà maintenant près de vingt ans. Avec une 7e place à la clé, sur les 40 équipes participant à cette Coupe du monde, ils ont forcé l'admiration et suscité des ovations nourries d'un public, en bonne partie acquis puisque nombre de nos compatriotes avaient pris place dans les gradins. Après des débuts fort laborieux, incommodés par la pelouse pour n'y être pas habitués, mais aussi impressionnés par tout ce qu'il leur arrive, ils ont pu asseoir un jeu plaisant et attractif à souhait, fait de petites passes et d'exploits individuels. Après une courte défaite lors du premier match contre la Tchéquie, les “petits princes” ont aligné ensuite trois victoires de rang : contre le Portugal, le Mexique et le Cameroun qu'ils ont remportées par forfait. En huitième de finale, ils se sont défaits de l'équipe italienne avant d'être stoppés net dans leur fulgurante ascension par les Allemands en quarts de finale, une équipe dont on devine composée d'enfants issus des grandes écoles des bords du Rhin. Contrairement aux nôtres, dont la plupart ont fait leurs classes sur des terrains vagues et dont certains sont issus de milieux défavorisés, comme ce petit lutin pris en affection par un compatriote propriétaire d'une société de transports à Paris, lequel a décidé d'offrir à toute l'équipe 15 ballons. “C'est un vrai exploit qu'ils viennent de réaliser. Figurez-vous, l'un d'eux, son père ne peut même pas lui offrir une paire de souliers !” affirme, un tantinet de fierté, M. Slimane Igoudjil, originaire de Draâ El-Mizan. Eprouvés par l'élimination en quart de finale, beaucoup avaient les larmes aux yeux. “Nous étions handicapés par la pelouse, car mes joueurs n'ont pas l'habitude de jouer sur du gazon naturel. Et mentalement, ils flanchent rapidement”, explique leur entraîneur et accompagnateur, Hocine Chikhi. Un rêve d'enfant Mais au-delà de cette participation plus qu'honorable, la première équipe africaine bien classée, les enfants ont peut-être réalisé un rêve qui peut leur ouvrir grandes les portes d'une grande carrière. Ils se sont frottés à d'autres enfants d'autres cultures, fait un voyage dans l'une des plus belles villes du monde et, cerise sur le gâteau, vu de plus près celui que tous le garçons du monde vénèrent : Zineddine Zidane, parrain emblématique de la Danone Nations Cup. “Il faut croire en ses rêves”, proclame un slogan écrit par Zizou. Mais le mérite revient, bien entendu, au groupe Danone qui a créé cet événement, aujourd'hui à sa neuvième édition, destiné aux enfants du monde entier et dont l'objectif est l'épanouissement des enfants, les aider à grandir et leur inculper les valeurs de tolérance, de solidarité et de fair-play. “Nous avons depuis longtemps chez Danone une proximité naturelle avec le sport. Mais nous voulions trouver une manière différente de nous associer au sport, et éviter le sponsoring classique. Nous voulions vraiment nous impliquer dans un événement qui nous ressemble, qui soit proche de nos valeurs, qui soit mondial et fasse participer le maximum de gens dans un esprit d'ouverture, de partage, d'émotion et de respect”, explique Franck Riboud, président du groupe. Depuis son lancement en 2000, la Danone Nations Cup a permis à près de 15 millions d'enfants de faire une carrière. Cette année, 640 enfants ont participé à la phase finale. Parallèlement à l'événement, les recettes des matchs auxquels ont assisté près de 20 000 spectateurs et 250 journalistes issus d'une quarantaine de pays vont financer l'association européenne de leuco-dystrophie (ELA) parrainée par Zidane, laquelle s'emploie à aider les chercheurs à venir à bout de cette grave maladie qui touche essentiellement les enfants. Comme pour perpétuer le rêve de ces gosses, dont beaucoup ont épaté par leurs classes, mais aussi arraché des larmes aux émotifs lorsqu'ils pleuraient à l'issue d'une défaite, Danone, propriétaire des lieux, leur a organisé une visite à Disneyland. Quant aux recruteurs, notamment des grands clubs européens, ils ont dû noter sur leurs calepins bien des noms et déniché bien des perles. Selon Hocine Chikhi, Hannachi aurait donné son accord pour intégrer ces enfants de Tizi Ouzou à la JSK. Ces enfants doivent certainement bien une fière chandelle au leader mondial des produits laitiers. K. K.